Assolia simplifie l’assolement

Clément Albouy. Il développe au profit des agriculteurs un outil, très simple d’utilisation, pour optimiser l’assolement pluriannuel.

L’assolement (la répartition des cultures sur les parcelles des exploitations) est un important levier agronomique et économique souvent mal exploité en raison de sa complexité. Elle n’a cependant pas rebuté Clément Albouy, fils d’agriculteur et ingénieur agronome de 26 ans, qui développe avec trois autres associés, Assolia, un logiciel permettant d’optimiser l’assolement pluriannuel. « C’est ce qui conditionne l’ensemble du travail d’un agriculteur sur plusieurs années. Une rotation des cultures optimisée permet d’accroître les rendements tout en réduisant l’impact écologique. L’assolement permet aussi d’améliorer la qualité des sols, de maîtriser des mauvaises herbes, d’offrir une nourriture plus riche pour l’élevage, etc. Mais son calcul implique de nombreux paramètres, ce qui empêche souvent l’agriculteur de se projeter précisément au-delà de deux ans », explique le cofondateur. Alors que s’exerce une forte pression financière, sociale et écologique sur les agriculteurs, le jeune ingénieur veut remettre ce procédé de culture au « cœur de l’agronomie » pour « revenir à la base du problème ».

« Nous ne sommes pas les premiers sur ce marché, ajoute-t-il. L’assolement a déjà fait l’objet de nombreuses études et des outils existent déjà. Ce qui nous différencie, c’est que notre solution est utilisable par les agriculteurs eux-mêmes. Ils peuvent, avec leurs conseillers, paramétrer diverses informations, telle que les propriétés des parcelles, le type de sol, la nature des précédentes cultures, les contraintes et définir des objectifs sur trois ou cinq ans, par exemple l’augmentation de leurs marges, l’intégration de nouvelles cultures, etc. Notre algorithme propose une sélection des meilleurs assolements possibles ».

Diplômé d’Agro Paris Tech, ancien chargé de projet innovation chez Euralis, coopérative agricole paloise, ce Toulousain a été lauréat du challenge HackTaFerme, en septembre dernier. « L’idée, à la base, était simplement de développer un outil afin d’aider les agriculteurs. Mais au final, le projet Assolia est né grâce aux retours très positifs de la profession et à une enveloppe de 3 000 € », souligne Clément Albouy qui se rêvait entrepreneur. Pour l’heure incubée chez Nubbo, la jeune pousse doit encore muscler son business model. Elle espère commercialiser sa solution d’ici un an. « La demande est forte. Tous les agriculteurs sont concernés, mais ils ont parfois peur de modifier leurs habitudes. Notre outil d’accompagnement va les aider à passer le cap », conclut celui qui a également été primé dans le cadre du projet européen Diva, un coup de pouce à hauteur de 10 000 €.