La Fédération nationale de l’habillement (FNH) a lancé les premières Assises de l’habillement et du textile, à la Chambre des métiers et de l’artisanat (CMAI) de Côte-d’Or. Rencontre avec son initiateur : Éric Mertz.
Au milieu de la salle : une affiche représentant un arbre. C’est l’arbre des propositions : les racines pour les fondamentaux, le tronc pour la structure. Répartis en atelier, les participants ont échangé durant trois heures sur leur vision du commerce. Objectifs : donner corps à une ou des solutions d’ensemble vue(s) par les acteurs du terrain. « Nous avons attendu que le Grand débat passe pour ne pas interférer avec la politique. Nous irons dans huit grandes villes de France – Dijon est la première – pour aller questionner des acteurs du marché qu’ils soient adhérents, contributaires, marques, créateurs de mode, politiques… », explique Éric Mertz, président de la Fédération nationale de l’habillement (FNH). « Ces assises prennent leur origine dans un diagnostic que j’ai réalisé : nous sommes dans une crise économique majeure qui s’est amplifiée durant les dix dernières années, mais qui a commencé il y a 30 ans avec Zara. L’enseigne avait créé un modèle économique où tous nos repères d’achat et de production étaient bousculés, en sortant une collection par semaine, par exemple », poursuit-il. Petit retour dans le rétroviseur. « Fin 2015, les marques se sont rendues compte que le marché était dans une orientation baissière. Entre 2016 et 2017, il a perdu 15 %, les volumes ont doublé, les surfaces en périphérie ont augmenté de 50 %. Pour soutenir ce développement, les indépendants n’ont pas eu d’autres choix que de rentrer dans des phases de promotion toute l’année, créer des évènements en même temps que des achats soldes spécifiques. Le « con” « so” « mateur” s’est rendu compte qu’il y avait un problème… Entre 2016 et 2018, les indépendants ont repris 2 % de parts de marché », rappelle Éric Mertz.
PHÉNOMÈNE DE DÉ-CONSOMMATION
Si le mouvement des gilets jaunes est une catastrophe pour certains commerçants, il peut représenter une opportunité. « Finalement, le constat est que tout le monde était dans le rouge, y compris Zara et H&M. Le marché a baissé en 11 ans de plus de 18 % ! On vendait un produit sur deux à prix barré. Ce modèle économique n’est tout simplement pas viable ! », remarque Éric Mertz. À cette tendance, c’est ajouté, côté consommateur, un phénomène de dé-consommation. Le consommateur cherche aussi plus de sens, de cohésion et de durabilité à ses achats. Désormais, une question se pose : comment sortir de cette spirale ? « L’objectif de ses assises est d’interpeller les acteurs de la filière sur leur modèle économique de demain », souligne le président de la FNH.
De manière démocratique, les participants élaboreront huit arbres de propositions, puis sur le principe de l’entonnoir, il restera un seul arbre. Munie de ces solutions, la FNH rencontrera « l’amont de la filière » – les représentants de la Fédération du prêt à porter féminin et masculin, de la maille, l’Union des Industries du Textile – afin de leur proposer un diagnostic et savoir s’ils le partagent et le comprennent. « L’idée est de voir comment peut-on engager un pronostic mutuellement profitable entre la distribution et l’industrie ? » Deux mondes qui ne s’entendent pas habituellement… « Nous souhaitons rééquilibrer le rapport de force à travers des bonnes pratiques de prix fondés sur la valeur, avec des bonnes pratiques comme ciales qui ne prennent pas les gens pour des consommateurs. Il s’agit simplement de revenir aux valeurs du commerce, avec des garants de confiance qui donnent du sens à votre achat, crée de la valeur, une économie qui participe à l’économie locale, à la qualité de vie », conclut Éric Mertz.