Artpaugée, pour l’amour de l’art

Pauline Maringe et Géraldine Martres.

Commissaires-priseurs volontaires, Pauline Maringe et Géraldine Martres ont fondé l’étude Artpaugée, un cabinet d’expertise au service de l’art.

Le métier de commissaire-priseur a besoin de visibilité. « Il est grand temps de changer notre image, nous faisons encore peur aux gens », explique Pauline Maringe. Avec Géraldine Martres, elle a créé il y a un an et demi à Toulouse le cabinet Artpaugée. Commissaires-priseurs volontaires, les deux jeunes femmes interviennent directement auprès des particuliers et des entreprises. Parties de zéro, elles n’ont pas racheté de portefeuille ni de fichiers clients. « On travaille beaucoup au développement du cabinet, pour se faire connaître auprès des particuliers, des courtiers d’art, des huissiers, nous communiquons sur notre site internet et sur les réseaux sociaux », précise Pauline Maringe.

Diplômée de l’École du Louvre avec l’idée d’intégrer un musée, elle a commencé à travailler dans une étude chez un commissaire-priseur à Paris. « Il avait une approche d’historien d’art, un vrai déclencheur pour moi », ajoute Pauline Maringe. Peu importe la valeur de l’objet, ce qui compte aux yeux de la jeune femme est de connaître son origine pour en faire une estimation la plus fiable possible. « On me demande souvent si j’ai fait les Beaux-Arts. Nous devons pouvoir estimer tous types d’objets, de l‘Antiquité à nos jours », précise Pauline Maringe. Bijoux, tapisseries, tableaux…, elle fait souvent appel à un expert pour authentifier un objet, en France ou à l’international.

INTERNET FAIT DÉCOLLER L’ACTIVITÉ

« On a développé notre réseau d’acheteurs de manière exponentielle grâce à internet », explique Pauline Maringe. Le confinement a même ouvert de nouveaux marchés. De nombreux objets se vendent désormais en ligne. Sur différentes plateformes, les ventes sont en effet retransmises en direct : des acheteurs du monde entier peuvent alors se connecter et les salles régionales sont devenues dignes d’intérêt face aux grands noms parisiens. A contrario, les salles de vente se vident. Il n’est pas rare qu’un commissaire-priseur fasse monter les enchères devant des ordinateurs, au risque pour les ventes de perdre leur côté théâtral et fiévreux.

Pauline Maringe et son associée se rémunèrent sur le prix de la vente, la commission atteignant 20 % en moyenne. Il faut environ 200 K€ de CA par an pour faire tourner une étude comme Artpaugée. Prochaine étape : acheter des locaux pour y installer une salle des ventes. Une simple question de logistique, les objets y sont exposés avant la vente.

UNE QUESTION DE POSTURE

« L’humain compte beaucoup dans notre métier, on entre dans la vie des gens, ils doivent nous faire confiance », affirme Pauline Maringe. Les deux jeunes femmes, qui sont essentiellement contactées par des particuliers, sont en concurrence avec d’autres commissaires-priseurs. Or, à plusieurs sur le même inventaire, il est tentant de mettre un prix élevé. « Ce n’est pas la solution, confirme Pauline Maringe. Lors de la vente aux enchères, le prix sera revu à la baisse. »

L’or, l’argent, les meubles des années 50 et les grands crûs restent des valeurs refuges. Avec la crise, nombreux sont les sites proposant de faire expertiser ses objets : « ce ne sont pas des professionnels derrière ces annonces. S’agissant d’un bijou par exemple, on ne peut pas l’estimer sans voir le poinçon, la qualité de la pierre », ajoute Pauline Maringe. Selon la jeune femme, ces sites donnent des indications éloignées des prix du marché et laissent de faux espoirs aux vendeurs.

Contrat d’assurance, valorisation du patrimoine, succession… « Un commissaire-priseur doit être à l’écoute et faire preuve de pédagogie », reconnaît Pauline Maringe, « il est difficile pour un vendeur de faire la part des choses entre la valeur réelle de l’objet et la valeur sentimentale. » Les deux professionnelles ne seront pas impactées par la réforme qui va regrouper les commissaires-priseurs judiciaires et les huissiers de justice pour donner naissance au métier de commissaire de justice. Les deux professions ont jusqu’au 1er juillet 2026 pour effecteur des formations.