Arterris renforce sa stratégie de marque

Arterris

Jean-François Naudi, président d’Arterris, et Jacques Logie, son DG.

Le groupe coopératif a bouclé la dernière campagne agricole en léger recul, dû aux mauvaises conditions météo.

La météo calamiteuse qui a sévi au cours de la récolte 2018 a eu un impact sur les derniers résultats d’Arterris. Le groupe coopératif dont le territoire s’étend sur la région Occitanie et Paca a bouclé, en effet, son dernier exercice (qui court de juillet 2018 à juin 2019) sur un chiffre d’affaires de 998 M€, en recul de 0,5 %, et une perte de 6 M€. Un résultat négatif cependant limité grâce à une bonne maîtrise des investissements (13,5 M€ contre plus de 32 M€ un an auparavant) et de la dette financière, ramenée de près de 70 M€ à 47,3 M€. Les opérations de croissance externe menées les années précédentes dans le domaine agroalimentaire ont également permis au groupe de limiter la casse. « L’année a été contrastée », reconnaît Jacques Logie, directeur général du groupe, lequel emploie 2 200 collaborateurs et fédère 25000 agriculteurs sur plus de 350 000 ha. Au sein du pôle agricole – le groupe est aujourd’hui structuré en trois segments : agriculture, agroalimentaire et distribution –, l’incidence climatique s’est traduite par une moindre récolte. « Au final, il nous a manqué 250 000 tonnes de collectes », indique le DG avant d’ajouter, « qui plus est, une grande partie des blés durs produits n’a pas pu être commercialisée pour l’alimentation humaine », un gros écueil sachant qu’Arterris est l’un des premiers fournisseurs du fabricant de pâtes Panzani.

Ces mauvaises conditions météo ont aussi impacté l’activité semence du groupe de Castelnaudary. « Nous produisons en moyenne 32 000 à 35 000 tonnes de semences autogames. Or cette année, nous n’en avons produit que 22000 tonnes », précise Jacques Logie.

Le pôle agricole affiche en conséquence un chiffre d’affaires en fort recul, à 580 M€, contre 645 M€ lors de la campagne précédente, et un Ebitda (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) de 6,7 M€, « le plus faible enregistré depuis longtemps ». Pour rappel, il s’élevait à 17 M€ en 2018.

Le pôle agroalimentaire, qui comprend les produits carnés et les activités des filiales (Conserverie du Languedoc, CCA Périgord, LFO, Linea, Orellut et CLA) boucle l’année sur un chiffre d’affaires en progression de 1,9 %, à 363 M€ et un bénéfice avant impôt de 10,7 M€, contre 10 M€ enregistrés l’année précédente. « Un bon score », qui traduit « une bonne dynamique » selon Jacques Logie.

Le pôle distribution, qui regroupe 57 magasins (44 Gamm Vert, 1 Frais d’ici et 12 magasins Larroque et Fermiers occitans) termine l’année sur un chiffre d’affaires stable à 55 M€ et un Ebitda à zéro contre 1 M€ en 2018. « Un effet du mouvement des Gilets jaunes, traduit le directeur général d’Arterris. Notamment pour les magasins Fermiers occitans où nous avons complètement loupé les fêtes, soit moins 300 K€ de résultats. »

Pour autant, le dirigeant juge que « les résultats ne sont pas catastrophiques ». Pour preuve l’amélioration de certains ratios financiers et « une stratégie de croissance externe qui porte ses fruits ». Le groupe a ainsi investi près de 61 M€ depuis 2016, les filiales rachetées, dont La Belle Chaurienne, acquise en 2019, ayant permis de générer 10 M€ d’Ebitda supplémentaire, « soit une rentabilité correcte », analyse Jacques Logie.

DES EFFORTS DANS LE DOMAINE DU MARKETING

Arterris, qui parie de plus en plus sur son pôle agroalimentaire pour assurer de nouveaux débouchés aux producteurs réunis sous sa bannière, a recruté une directrice du marketing, Leila Veillon, chargée de booster le développement de ses marques. Plusieurs d’entre-elles bénéficient d’un important lifting, notamment La Belle Chaurienne. Connue pour ses cassoulets en conserve, l’entreprise basée à Castelnaudary a lancé depuis peu, en grandes et moyennes surfaces où elle est très présente, huit nouvelles spécialités culinaires : daubes, bourguignons, blanquettes, etc. Des spécialités de la « gastronomie française » qu’elle espère bien vendre à l’étranger. La marque, qui réalise aujourd’hui 3 % de son chiffre d’affaires à l’export, souhaite en effet porter sa part à 10 % d’ici cinq ans. L’usine chaurienne produit aujourd’hui huit millions de conserves et 4 millions de barquettes microondables.

La marque Secrets d’éleveurs, propriété des Fermiers occitans, a, elle aussi, bénéficié d’un sérieux dépoussiérage. L’entreprise de Labruguière, près de Castres, commercialise des foies gras et magrets IGP Sud-Ouest issus des éleveurs d’Arterris, dont la production avait chuté lors des derniers épisodes de grippe aviaire. La marque renouvelle en ce moment sa gamme dans l’espoir de consolider la filière palmipède, sachant que 38 producteurs travaillent actuellement pour l’entreprise tarnaise laquelle traite 600 000 canards par an.

Arterris, qui cherche, selon Jean-François Naudi, son président, à répondre « aux nouvelles attentes des consommateurs en faveur de produits locaux et de qualité », lance également en ce début d’année De Vous à Nous, une nouvelle marque de producteurs. L’ambition, explique Jean- François Naudi, « est de replacer l’agriculteur dont le métier est aujourd’hui décrié au cœur de la démarche, en mettant en avant nos propres productions ». La gamme encore limitée comprend le riz de Camargue IGP, les lentilles du Lauragais et des pâtes au blé dur cultivé dans le Midi. Elle sera distribuée dans les propres magasins d’Arterris en région puis plus largement. « La stratégie, à travers le lancement de cette nouvelle marque, précise Jacques Logie, est de faire des volumes additionnels, dans des circuits où nous ne sommes pas en concurrence avec nos partenaires habituels », l’objectif étant d’atteindre en fin d’année un chiffre d’affaires de 1 M€.