Arcavi fourmille de projets

La SAEM Arcavi traite 75 % des déchets du département des Ardennes et gère 17 500 tonnes de déchets recyclés.

Répartie sur les sites d’Eteignières, Charleville-Mézières et Chalandry-Elaire, la structure ardennaise qui trie, enfouit et recycle les déchets va désormais s’engager dans leur valorisation.

Extension du site de Chalandry-Elaire et mise en place de nouvelles techniques de valorisation visant à une meilleure protection de l’environnement. Tels sont les objectifs fixés pour les années à venir par le conseil d’administration d’Arcavi dans le cadre de l’élimination des déchets ardennais.

Créée en 1978, la société anonyme d’économie mixte détenue à hauteur de 63% de son capital par le Conseil départemental fourmille de projets. Après avoir initialement été chargée d’exploiter la décharge contrôlée d’Eteignières qui s’étend sur 120 hectares de même que l’unité de traitement des lixiviats et un réseau de stations de transfert (Damouzy, Revin, Rethel), Arcavi s’est vu confier l’exploitation du nouveau centre de tri construit en 2014 par Valodea à Charleville-Mézières. Elle emploie 64 personnes sur ses différentes infrastructures et son site de Chalandry-Elaire où se trouvent une plateforme de valorisation bois énergie et compostage, une déchetterie professionnelle et des bureaux.

DIX NOUVEAUX EMPLOIS DANS UNE CHAÎNE DE TRI

Leader sur son marché, la SAEM traite ainsi 75 % des déchets du département, gère 17 500 tonnes de déchets recyclés, valorise en énergie verte 42 % des déchets enfouis et réalise un chiffre d’affaires de 11,5 millions d’euros. Sa production d’énergie représente l’équivalent de 2 200 foyers éclairés par an et permet le chauffage de 2500 m2 de serres.

Aujourd’hui, Arcavi doit trouver des solutions pour faire face à l’augmentation des coûts et assurer le respect des obligations environnementales en empêchant notamment l’abandon ou le dépôt sauvage de déchets industriels banals par les entreprises (deux an de prison et/ou 75 000 euros d’amendes pour les contrevenants). Pour cela, Arcavi veut proposer des solutions adaptées aux besoins des collectivités, des professionnels et des industriels, artisans et commerçants.

C’est ainsi qu’elle entend réaliser, en 2021, une chaîne de tri des déchets industriels sur son site de Chalandry-Elaire pour valoriser les produits encombrants. « Il y a un vrai enjeu économique pour les collectivités et les citoyens à mieux trier afin d’agir positivement sur leurs impôts. D’autant que la taxe générale des activités polluantes, actuellement fixée à 18 euros la tonne, va passer à 30 euros en 2021 puis à 65 euros en 2025. Dans les Ardennes, on constate un gros problème avec les déchets industriels recensés dans toutes les déchetteries. On voudrait mieux capter ce gisement afin de le valoriser. Sur les 50 000 tonnes de déchets que nous traitons, on estime que 50 % au minimum pourraient être valorisés. La future chaîne de tri doit permettre de mieux collecter ce type de déchets d’autant qu’on aura bientôt une licence transport qui nous permettra d’aller les chercher à la source », explique Marc Wathy, le Pdg d’Arcavi qui veut aussi diminuer de manière significative l’enfouissement des déchets collectés dans les Ardennes.

Dix millions d’euros vont être investis dans cet outil qui prendra place sur une superficie d’un hectare et comprendra des tris optique, des tapis, des tables vibrantes pour calibrer, des tamis afin de mieux séparer les flux. Ce projet permettra la création de dix emplois.

PRODUIRE DU GAZ AVEC LES DÉCHETS ORGANIQUES

Avant de lancer ce programme, Arcavi en partenariat avec Valodea va s’attaquer à un autre projet en développant dès l’automne à Chalandry-Elaire une unité de méthanisation de bio-déchets qui était dans les cartons depuis treize ans. 8,8 millions d’euros seront investis dans ce programme baptisé « La Garoterie ». Le projet englobera les effluents de 19 agriculteurs du secteur, l’apport des bio-déchets des ménages ardennais et de l’industrie agroalimentaire. « Il fallait trouver un exutoire pour les déchets alimentaires car en 2024, ils devront être séparés des ordures ménagères. On veut donc booster la méthagenèse afin d’augmenter la capacité de production de biogaz en utilisant les fermenticides pour dégager du méthane et l’utiliser comme gaz en le réinjectant dans le réseau GRDF passant à proximité », souligne Philippe Decalf, directeur organisation et méthodes. Ce biogaz sera généré par la fermentation des lisiers, des déchets verts, la tonte de gazon, les déchets organiques et ce qui peut revenir des cantines. Le chantier débutera avant la fin 2020 et durera un an. Il débouchera sur la création d’emplois et devrait permettre d’alimenter 500 à 800 foyers du territoire d’Ardenne Métropole.

Depuis les années 2000, Arcavi enfouit aussi des déchets amiantés issus d’enrobés routiers, de cimenteries ou de toitures. Pour cela, elle a construit à Eteignières trois sarcophages en forme d’alvéoles pour stocker cet isolant interdit en France depuis 1997.

Philippe Decalf et Marc Wathy, responsables d’Arcavi, au service des Ardennais pour le traitement et la valorisation des déchets du terroir.