Après « une très belle année 2019 », les chefs d’entreprise prudents pour 2020

La Banque de France publie son enquête de conjoncture annuelle sur l’économie régionale.

Chiffres d’affaires en croissance, création d’emplois dynamique, bonne tenue des investissements, profitabilité stable : après une année 2018 « mi figue mi raisin », l’année 2019 se révèle être un bon cru pour l’économie régionale. « L’Occitanie performe très clairement au-dessus de la moyenne nationale et au-dessus des grandes régions auxquelles on peut la comparer », confirme Stéphane Latouche, directeur régional de la Banque de France qui présentait le 13 février à la presse les résultats de l’enquête de conjoncture annuelle. Les trois secteurs d’activité sur lesquels porte l’étude – l’industrie, les services marchands et le bâtiment et les travaux publics (BTP) – ont ainsi enregistré l’an dernier des taux de croissance supérieurs à ceux attendus par les chefs d’entreprise en début d’année 2019. L’activité a ainsi progressé de 4,1 % dans l’industrie (contre +2,6 % de croissance enregistrée en 2018) certains segments enregistrant des hausses plus significatives tels les matériels de transports (+6,1 %), l’agroalimentaire (+4,8 %) ou encore la fabrication d’équipements électriques et informatiques (+5,6 %). Les courants d’affaires ont également progressé dans le secteur des services, enregistrant +4,9 % (versus +4,4 % un an auparavant) avec une hausse record de l’activité dans les services informatiques (+11,3 %) qui devance très largement l’ingénierie pourtant bien orientée à +5,2 %.

Dans le BTP, la production a bondi l’an dernier de 5,2 % après avoir enregistré une hausse de 3,9 % l’année précédente. La croissance est essentiellement tirée par l’activité de second œuvre, les entreprises de la branche enregistrant une progression de 7,8 % de leur activité, contre +5,8 % pour celles du bâtiment.

Ce dynamisme ne profite cependant pas à tout le monde: « une entreprise sur deux seulement a enregistré une croissance de son activité en 2019 », tempère en effet Pascal Robert, chef de cabinet, chargé de mission à l’économie à la Banque de France Occitanie. Corollaire de cette activité très dynamique, les entreprises ont vu leurs effectifs croître, même si cette progression se fait à un rythme moins soutenu. Les recrutements ont progressé dans l’industrie de 1,3 % (versus +2 % en 2018), de 3,7 % dans les services (après +4,8 % enregistrés l’année précédente) et de 5,8 % dans le BTP (contre +4,1 % l’année d’avant).

Autre marqueur de cette activité bien orientée : les investissements ont progressé l’an dernier de 2,6 % dans le secteur industriel et de 1,5 % dans le BTP, tandis qu’ils sont en recul dans les services (-2,4 % sur l’année 2019), le montant des investissements en région se chiffrant à plus de 2 Mds€ l’an dernier.

UNE CROISSANCE PLUS MODÉRÉE EN 2020

Alors que l’on commence à constater ici et là les effets de l’effondrement du commerce mondial lié aux tensions sino-américaines et aux mesures de protectionnisme, que persistent les incertitudes relatives au Brexit, que les mouvements sociaux couvent encore, et que pointe désormais le coronavirus… les perspectives pour 2020 paraissent un peu moins bien orientées. De fait, les chefs d’entreprise que la Banque de France a interrogés – soit 2 300 entreprises au total, qui représentent 48 Mds€ de chiffre d’affaires et près de 217 000 salariés – tablent sur une croissance moins rapide de leurs chiffres d’affaires : de l’ordre de +2,6 % dans l’industrie, de 4,6 % dans les services et de 2,4 % dans le BTP. Les recrutements devraient également continuer de croître mais de manière moins dynamique : les industriels anticipent une croissance des effectifs de l’ordre de 1,9 % en 2020, les dirigeants, dans les secteurs des services et celui du BTP, prévoyant des hausses d’effectifs respectivement de 4,1 % et de +2,6 %. Symptomatique d’un contexte international tendu, le niveau des investissements reculerait cette année, selon les prévisions de la Banque de France, les chefs d’entreprise de la région tablant, dans les services, sur une baisse de 5,3 % et, dans le BTP, de 16,7 %. Dans l’industrie qui représente les trois quarts des investissements globaux en Occitanie, le niveau des investissements devrait rester stable. Rien d’inquiétant selon Stéphane Latouche, qui pointe : « après des années de croissance, les industriels nous annoncent un palier, mais un palier haut ». Les dirigeants pronostiquent pourtant en 2020 une stabilisation de leur rentabilité, voire dans l’industrie une amélioration de ce ratio.

« La conjoncture est clairement bien porteuse. Et si en 2020, le rythme de croissance ralentit, il reste intéressant », ajoute Stéphane Latouche qui assure qu’il est trop tôt pour mesurer l’effet de l’actuelle épidémie de coronavirus sur la croissance. Rappelant l’importance des échanges commerciaux avec la Chine, le directeur de la Banque de France Occitanie craint « un impact en région, si l’épidémie devait se poursuivre ».