Après une année 2020 dans le rouge, les indicateurs en hausse

Après une année particulière, venue bouleverser tous les indicateurs, la Banque de France a présenté les chiffres de l’année 2020 ainsi que ses prévisions pour 2021.

Les chiffres 2020 de la Banque de France n’ont rien à voir avec les prévisions faites par l’organisme en 2019. Entre temps, la crise sanitaire est passée par là, et l’ampleur de ce bouleversement inédit est venu rebattre les cartes. « Nous sommes en présence d’une crise sanitaire et exogène, ayant entrainé une paralysie de l’économie mondiale avec un choc violent sur l’appareil productif, consécutif au confinement », annonce d’emblée Laurent Sahuquet, Directeur régional Banque de France Grand Est, précisant toutefois que cette crise n’avait pas grand-chose en commun avec celle de 2008, « les banques n’étant pas à l’origine du choc mais étant arrivées en soutien ». Il fallait que ce soit dit. 

RÉPONSE RAPIDE DES AUTORITÉS POUR LIMITER LE CHOC 

Cette crise est venue affecter aussi bien l’offre (production et chaîne d’approvisionnement à l’arrêt) que la demande (ménages confinés). Ainsi, la récession actuelle est plus forte que celle de 2008, mais la spécificité du choc économique implique une reprise sans doute beaucoup plus rapide. « Il y a eu des chocs sectoriels graves avec des différences marquées entre les secteurs, l’aéronautique ainsi que les services, notamment les secteurs de la restauration et de l’hôtellerie. Pour autant, la réponse des autorités a été extrêmement rapide avec le « quoi qu’il en coûte » et le soutien des banques centrales pour apporter des liquidités et maintenir les taux d’intérêt bas », souligne Laurent Sahuquet.
Les prévisions de l’année 2021 reposent sur deux scénarios différents, selon que les prévisions viennent du FMI ou de l’OCDE, avec une version plus optimiste du FMI. La croissance mondiale oscille ainsi entre -3,5 % (FMI) et -4,1 % (OCDE) pour 2020 avec une reprise entre +5,5% pour le FMI et +4,2% pour l’OCDE. Au niveau de la Zone euro, la baisse de la croissance 2020 se situe entre -7,2% (FMI) et -7,5% (OCDE) pour un rebond compris entre +4,2% (FMI) et + 3,8% (OCDE). Paradoxalement, alors que la crise est partie de la Chine, c’est le seul pays ayant connu, en 2020, une croissance positive (+2,1% pour le FMI). En 2021, les prévisions sont non moins remarquables, avec + 6% aussi bien selon le FMI que l’OCDE. 

-9,3% DE CROISSANCE EN 2020 

Si l’on fait un focus plus important sur la Zone euro, l’Allemagne est le pays qui s’en sort le mieux (-5,5%) et l’Espagne le pays le plus touché (-11,1%). La France se situe entre les deux avec -9,3% de croissance en 2020. Le rebond est à la hauteur de la chute car pour 2021, l’Espagne bénéficie de la plus forte prévision de croissance avec + 6,8%, l’Allemagne +3% et la France, +4,8%. 

Concernant l’impact économique, « l’économie française a montré ses capacités de résistance et de résilience. À chaque fois que l’État a desserré les contraintes sanitaires, l’économie est repartie rapidement », livre le Directeur régional Banque de France Grand Est. Le niveau d’activité a en effet effectué un plongeon brutal de -36% au mois de mars 2020 par rapport au début de la crise en février 2020, redressé à -17% en mai et à -3% en octobre. « Aujourd’hui, par rapport à février 2020, nous sommes à -5% », indique Laurent Sahuquet. Quant à l’évolution de la croissance trimestrielle, elle est significative de ces écarts brutaux, avec un plongeon historique à -13,7% pour le 2e trimestre 2020 et un rebond non moins historique de +18,8% au 3e trimestre, soit « le plus fort des pays enregistrés de la Zone euro »

Les entreprises ont été interrogées sur leur niveau d’activité. Pour beaucoup, elles sont revenues à un niveau jugé normal, en février. « On est dans la règle des 90-10 », explique le directeur, « 90% des secteurs sont revenus à un niveau d’activité proche de la normale. Seuls 10% des entreprises sont en grande difficulté : les CHR mais aussi le secteur de l’événementiel ainsi que toutes les activités qui y sont rattachées, comme les loueurs de matériels ». Et si les entreprises ont mis leurs activités entre parenthèse, les mesures de chômage partiel ont permis de conserver l’emploi. Au début de la crise, les destructions d’emploi étaient estimées entre 800 000 et 1 million, elles n’auront été « que » de 300 000 emplois détruits au 1er septembre 2020. Dernier point abordé, celui de l’épargne des Français. « L’impact des mesures de soutien a été très fort, le pouvoir d’achat a finalement peu varié. Pendant le confinement, les Français ont peu consommé et ont ainsi dégagé un important surplus d’épargne de 100 milliards d’euros ! » révèle Laurent Sahuquet, « l’équivalent d’un deuxième plan de Relance ». 

Focus sur les données économiques du Grand Est 

Les données de la Banque de France ont pu être établies grâce à un questionnaire soumis à plus de 1 550 entreprises régionnales (690 dans l’industrie, 383 dans les services marchands, 478 dans la construction). Pour chaque secteur, ont été évalués l’activité, la rentabilité ainsi que les investissements. 

Sans surprise, l’industrie du Grand Est a été marquée par le confinement. Pour produire plus, les machines doivent fonctionner plus. Dans le transport par exemple, l’activité s’est repliée de – 29%. 

Dans l’industrie globale, on constate une baisse d’activité de -13,6%. Le secteur qui résiste le mieux est celui de l’agro-alimentaire avec une baisse de -5,2%. Néanmoins, les prévisions de 2021 sont encourageantes avec + 20,4% dans le transport et +8,6% dans l’industrie. Ce secteur qui emploie un certain nombre d’intérimaires a vu une chute de -3,8% de ses effectifs dont une baisse spectaculaire de -21,6% d’intérimaires en 2020. 2021 ne signera pas une reprise exceptionnelle au niveau de l’emploi car les effectifs n’augmenteront que de 0,3% quand le nombre d’intérimaires, sera toujours de -1%. 

Lorsqu’on les interroge sur la rentabilité, les industries, à 42,6%, parlent d’une diminution en 2020. Elles ne sont plus que 17% en 2021. 21,3% confiaient avoir connu une hausse de leur rentabilité en 2020, elles s’élèvent en revanche à 40,8% pour l’année 2021. En ce qui concerne l’investissement, les budgets ont globalement été révisés à la baisse dans l’industrie dans le Grand Est en 2020 (-13,6%). C’est toujours dans l’agro-alimentaire que les prévisions sont les meilleures avec une prévision en hausse de l’investissement de 30,7% quand le secteur des équipements électroniques prévoit encore une baisse pour 2021 de -0,8%. Plus globalement, en 2020, le chiffre d’affaires dans l’industrie est en baisse de -13,6% dans le Grand Est, région traditionnellement portée sur ce secteur. 

Dans le bâtiment, 2019 aura été une exceptionnelle, tandis qu’en 2020, les carnets de commande se contractent et les appels d’offres se raréfient. Le BTP a vu une interruption de la hausse pluriannuelle de la croissance (-9,6% en 2020) mais attend un rebond en 2021 avec une hausse de +6,6% de son activité. En 2021 les budgets d’investissement sont revus à la hausse notamment dans le second œuvre avec des prévisions 2021 à +26,5% quand le gros œuvre prévoit une baisse des investissements de -16,8%. Le secteur de la construction dans son ensemble table aussi sur une baisse de l’investissement de -4%. 

Dans les services marchands, l’activité est en retrait de 5,5% en 2020 avec une reprise progressive attendue en 2021 de 4,1%. En 2020, la plupart des effectifs ont été maintenus (sauf dans l’intérim -12,2%) mais 2021 marquera le retour des embauches à +2,4% et même +3% pour les intérimaires. La prudence plus que l’optimisme sera de mise en 2021 puisque la rentabilité est estimée stable à 62,3% tandis que 29,4% des entreprises de services parient sur une hausse.