Après 40 ans, le Greffe du Tribunal de commerce change de main

Emmanuelle Paillé a prêté serment mardi 30 juin. Elle remplace Lionel Jouvenceau au Greffe du Tribunal de commerce de Dijon, qui lui a cédé sa charge.

Lionel Jouvenceau a fait valoir ses droits à la retraite le jour de son 71e anniversaire en cédant sa charge à Emmanuelle Paillé. Formée au notariat et titulaire d’un diplôme d’avocat, la nouvelle greffière a prêté serment devant le Tribunal de commerce de Dijon, mardi 30 juin.

C’est déjà en soit un moment unique qu’une prestation de serment, mais lorsqu’il s’agit de prendre la charge d’un greffier installé depuis 40 ans, l’audience prend une toute autre tournure. Devant l’adjoint au procureur de la république et le président du Tribunal de commerce de Dijon, Emmanuelle Paillé a ainsi prêté serment, mardi 30 juin, succédant à Lionel Jouvenceau le jour même de son 71e anniversaire. « Un évènement pour une juridiction », souligne Pascal Labonne-Collin, adjoint au procureur de la république, délégué au Tribunal de commerce, en ajoutant, non sans une certaine pointe d’humour que « Lionel Jouvenceau passe la main contraint et forcé par la limite d’âge imposée à 71 ans révolu ». Celle qui a « un temps imaginé devenir notaire » avant d’exercer « un noble métier que celui d’avocat » s’est finalement « tournée vers la famille Jouvenceau pour se former » et a « fait [ses] armes à l’étude Jouvenceau, dans le sud », avant de s’installer dans la Nièvre pour exercer à Nevers, « pas très longtemps, mais suffisamment pour apprendre à gérer un Greffe », développe-t-il. Un parcours impressionnant selon Jérôme Prince, président du Tribunal de commerce de Dijon, qui lui a formulé « le souhait que Dijon soit votre destination finale », soulignant l’importance « qu’il y ait une parfaite entente entre le Greffe, le Tribunal de commerce et les juges ».

DES SOUTIENS DE L’ENSEMBLE DE LA PROFESSION

Dans la salle d’audience, ce jour-là, familles et proches étaient présents, masqués – règles sanitaires oblige – mais aussi des représentants de la profession, juges, avocats, mandataires et administrateurs, venus lui apporter leur soutien. « Vous allez prendre un gros Tribunal de commerce et un gros greffe, souligne l’adjoint au procureur. Ce sera beaucoup de travail… On compte sur vous pour que ça se passe bien et dans la bonne humeur ». Greffier au Tribunal de commerce d’Avignon, Max Jouvenceau avait fait le déplacement pour assister au départ à la retraite de son frère, Lionel Jouvenceau. « Ça a été une chance et un privilège d’avoir été son maître de stage, a-t-il souligné avant de détailler à nouveau le parcours d’Emmanuelle Paillé. Je suis fière que tu perpétues, en terres bourguignonnes un métier familiale ».

Se tournant vers Lionel Jouvenceau, il a ensuite tenu à souligner que « tu seras toujours le grand frère, même si tu as toujours fait croire l’inverse », avant de rappeler à l’auditoire que l’ensemble de la profession devait beaucoup à son frère, à l’origine de la numérisation des Greffes. Un point qu’a aussi tenu à rappeler Eric Seutet, avocat d’affaires au Barreau de Dijon, dans son hommage. « Comme on dit à Marseille, Maître Jouvenceau fait un double exploit. La loi Macron dit qu’il faut partir à 70 ans ou 71 révolu, ce qui est le cas de Maître Jouvenceau. Et le deuxième exploit est sa longévité professionnelle. Après avoir réussi son examen de greffier en 1977, il rejoint son père à Dijon quelques années plus tard et prête serment devant le Tribunal de commerce de Dijon en 1980, tandis que son frère rejoint Aubenas, énumère-t-il. Maître Jouvenceau est à l’origine de la numérisation et de la révolution numérique de la profession. Il y a 20 ans, il a développé avec la start-up Online un logiciel métier, avant de le mettre à disposition gratuitement ».