Apmonia Therapeutics innove contre le cancer

Pour Albin Jeanne, le peptide TAX2 active la réponse immunitaire. (Photo : Philippe Demoor)

La société rémoise développe des stratégies d’immunothérapies anticancéreuses.

Depuis plus de dix ans, Albin Jeanne travaille à concevoir une solution d’immunothérapie pour lutter contre plusieurs types de cancer (mélanome, ovaire, pancréas, glioblastome…). Formé à l’Université de Reims Champagne-Ardenne, ce docteur en biochimie et biologie moléculaire explique que les différentes étapes ont permis l’ingénierie d’un nouveau peptide, nommé TAX2 : « Des simulations bio-informatiques ont permis de caractériser l’interaction entre deux molécules impliquées dans la progression tumorale. Ce peptide qui inhibe cette interaction est un ”candidat médicament” que nous avons testé sur des animaux. Il prive la tumeur de vascularisation et active la mise en place d’une réponse immunitaire dirigée contre les cellules cancéreuses ».

Accompagné par la SATT Nord (Société d’Accélération du Transfert de Technologies), le projet a pu bénéficier d’un support de plus d’1 M€ pour financer cinq ans de recherche et atteindre sa preuve de concept. En avril 2019, Albin Jeanne a officiellement co-fondé la société Apmonia Therapeutics, avec le conseil scientifique de Stéphane Dedieu et l’apport d’Abderrahim Lachgar qui dispose d’une expérience dans le management industriel pharmaceutique. « Nous formons une équipe complémentaire et nous nous appuyons sur Cédric Poigneau pour la partie opérationnelle », détaille celui qui estime que la société pourrait employer une quinzaine de collaborateurs à Reims. « Mais nous nous entourons aussi de nombreux spécialistes qui nous apportent leur expertise clinique ou juridique », ajoute-t-il. Apmonia Therapeutics est également incubée au sein d’Innovact, une étape indispensable pour s’ancrer durablement dans un écosystème régional d’innovation.

MARCHÉ MONDIAL

L’enjeu en terme de santé est majeur : 18 millions de nouveaux cancers ont été détectés dans le monde en 2018 et ces maladies ont causé 10 millions de décès. Les traitements d’immuno-oncologie représentent également un vaste marché de 14 milliards de dollars, avec un potentiel de 34 milliards de dollars en 2024. « Quand nous serons capables de concevoir une production à l’échelle industrielle et de mettre en place les différentes études précliniques satisfaisant aux exigences des agences réglementaires européennes et américaines, nous pourrons passer à la validation clinique sur patient à l’horizon de la mi-2021 », envisage celui qui a déjà déposé de nombreux brevets à l’international. Et quand l’efficacité chez l’homme aura été prouvée, il pourra alors licencier la technologie à un groupe pharmaceutique pour qui la start-up « dérisque le projet ».

« Nous venons de sécuriser le transfert de licence et nous travaillons à une levée de fonds », annonce-t-il en se réjouissant de l’obtention du label d’excellence French Tech Seed décerné par un consortium de différentes SATT, de SEMIA et de l’institut hospitalo-universitaire de Strasbourg début juillet 2019. « Cela peut permettre une participation de Bpifrance atteignant 250 000 € sous forme d’obligations convertibles ». C’est aussi un gage pour rassurer les investisseurs.

Parallèlement au développement réglementaire et clinique du peptide TAX2, Albin Jeanne estime que la recherche se poursuivra sur d’autres types de cancer. Dans ce domaine de l’immunothérapie, les spécialistes constatent en effet que les traitements ne sont efficaces que dans un cas sur cinq, ce qui peut ouvrir à des partenariats pour mixer les solutions afin de gagner en efficacité. « Avec notre technologie, nous pouvons aussi nous appuyer sur la possibilité d’identifier les patients éligibles grâce à une simple prise de sang, en dosant notre cible moléculaire ».

Pour Albin Jeanne, le peptide TAX2 active la réponse immunitaire.