Apex Drone rabat les cartes de la video-protection

À Nevers, grâce à la 5G, la société Apex Drone a développé deux technologies nouvelles au service de la sécurité.

Dans la mythologie grecque, Cybèle est la gardienne des savoirs et Cibère un chien à trois têtes gardien des enfers. Au sein de la société Apex Drone, installée à l’aéroport de Nevers-Marzy, ce sont deux technologies qui feront les choux gras des amateurs de Georges Orwell. Laurent Byrs, PDG et également instructeur de vol a mis au point avec ses partenaires chinois et israéliens deux équipements de vidéoprotection qui pourraient bien révolutionner le domaine de la sécurité : Cybèle, est une caméra autonome en énergie, capable d’être déplacée n’importe où, pilotable depuis un smartphone et dotée d’un zoom X30 : « Une réponse aux handicaps des caméras traditionnelles facilement localisables, vulnérables, qui exigent une installation électrique et un Centre de Surveillance coûteux. ». La deuxième, Cibère est une caméra piéton destinée aux forces de l’ordre, dotée d’une autonomie de 16 heures (contre deux actuellement) équipée d’une vision infrarouge capable de discerner dans l’obscurité, et qui fait aussi office de talkie-walkie.

Ce qui fait la particularité de cette technologie made in Nièvre, c’est l’usage de la 4G et de la 5G. D’une part, les deux dispositifs transmettent en temps réel les images sur un serveur externe propriété de Atrium Data, spécialiste de la construction de data center ultra-sécurisés – où elles seront conservées durant six mois et accessibles uniquement par des personnes habilitées. D’autre part, les caméras peuvent être contrôlées de n’importe quel endroit : « Nous avons fait des essais avec nos partenaires qui depuis l’Israël ont piloté une caméra placée dans nos locaux de Nevers. » Pour Laurent Brys, c’est avant tout une garantie de sécurité : « On voit des caméras détruites par des fusils à pompes, des agents qui se font agresser et arracher leurs caméras pour détruire les images… ».

Autre atout, les deux caméras sont localisables par GPS grâce à une application développée par Apex Drone qui permet aussi d’en contrôler simultanément plusieurs dizaines et permet aux forces de l’ordre d’intervenir en temps réel : « Actuellement, les caméras piéton enregistrent des images sur une carte qu’il faut lire au retour de mission. Il n’y a donc pas d’interaction possible au moment de l’intervention. Avec Cibere ou Cybèle, il est possible d’intervenir directement sur le lieu d’un incident ».

Enfin, ultime argument, le coût. Avec un investissement en R&D d’un demi-million d’euro par dispositif, les prix à la vente varient de 950 euros pour Cibère à 4.500 euros pour Cybèle : « sans autre installation nécessaire ».

Mais outre la question de la sécurité, se pose aussi celle de la protection de la vie privée et de la sécurité intérieure. Sur ce plan, Laurent Brys sourit : « On peut redouter Big Brother mais d’une part la législation française encadre drastiquement la protection des données, d’autre part, il existe des moyens bien plus simples de nuire aux populations auxquelles personne ne pense ! ». (Évidemment on ne vous citera pas les exemples). Pour rassurer, Laurent Brys précise : « Ces dispositifs ne sont pas accessibles au public et toutes les données sont cryptées et inviolables même par des hackers ». Alors verra t-on un jour des drones en remplacement des forces de l’ordre ? « Nous avons la technologie et elle ne cesse d’évoluer. Chez Apex, nous avons développé des drones capables d’intervenir sur des incendies en brigade de cinq ou six appareils pour les lieux inaccessibles aux pompiers. Nous sommes capables de développer la reconnaissance faciale. Aujourd’hui, il n’y a que la réglementation qui freine le développement de ces technologies, regrette t-il arguant d’exemples concrets. Les drones chinois permettent de retrouver des personnes disparues, des enfants enlevés. À Paris, lors de l’explosion de la boulangerie de la rue Trévise, l’utilisation de drones-pompiers aurait pu éviter la mort de deux pompiers, nous avons des drones capables de disperser des foules par des boules puantes et d’éviter l’usage d’armes létales… la réglementation évoluera parce que c’est une question de sécurité ». Quant à la vie privée, relativisons quand on sait par exemple que l’usage des réseaux sociaux est la première source de données personnelles…