AOC régionale Bourgogne : Peur sur la vigne

Bourgogne Pinot noir

Au total, 5.500 hectares de vignoble régional pourraient perdre l’appellation Bourgogne.

Ce n’est pas le titre du dernier polar viticole avec Pierre Arditi, mais la suite du bras de fer entre Bourgogne et Beaujolais sur les AOC régionales et dans lequel l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) joue les arbitres très contestés.

À l’origine du match beaujolais-bourgogne, une demande des Bourguignons de faire redéfinir l’aire de l’appellation Bourgogne établie en 1937 pour contrer les assauts de leurs voisins Beaujolais : profitant d’un flou juridique, ces derniers se sont reconvertis dans la production de “Bourgogne en Beaujolais” dans les années 1990 quand leurs ventes ont commencé à battre de l’aile. Or dans ce cas, l’INAO ne se penche pas seulement sur les parcelles contestées mais sur l’ensemble de l’appellation. Cette remise à zéro vient d’aboutir à un rapport officialisé le 6 février prochain, dramatique pour le vignoble bourguignon : il préconise certes l’exclusion de plusieurs communes du Beaujolais de l’AOC Bourgogne mais entraîne dans ce déclassement les 23 communes du Châtillonnais pour les vins tranquilles (hors Crémant), six du Dijonnais et une de Côte-de-Nuits, une bonne partie de l’Auxerrois, du Chablisien… Environ 5.500 hectares plantés sur 64 communes seront déclassés quant au moins 2.000 hectares de beaujolais hors région Bourgogne pourraient prétendre à l’AOC bourgogne.

MÉTHODE ET CRITÈRES CONTROVERSÉS

L’Organisme de défense et de gestion de Bourgogne (ODG) dénonce depuis plusieurs mois la méthode et les critères retenus par l’INAO qui font fi de l’histoire : « un bourgogne ne se limite pas à un pinot ou un chardonnay sur sol argilo-calcaire en zone tempérée. La commission oublie les facteurs humains et géographiques ainsi que l’usage au profit des facteurs naturels », explique Bruno Verret, son président. Alain Gillon, président du Syndicat de défense des intérêts viticoles des Coteaux du Châtillonnais renchérit : « on crée le Parc national et on met en péril l’économie du territoire en menaçant la valeur du foncier. Qui investira dans des vignes qui n’auront plus le droit de s’appeler bourgogne ? ». Sans compter que la surproduction de bourgognes issus du Beaujolais risque à terme de décrédibiliser l’identité Bourgogne, sa qualité et donc son prix.

La Bourgogne a décidé de réagir : une pétition est d’ores et déjà en ligne, une manifestation est prévue le 6 février devant le siège de l’INAO et le sénateur Alain Houpert a adressé un courrier au ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation Didier Guillaume l’invitant à demander à l’INAO de revoir sa copie.

Antoine Gavory