Améliorer la qualité de l’eau de la Meuse

La militante écologiste néerlandaise Li An Phoa et Boris Ravignon, le maire de Charleville-Mézières et président de l’EPAMA. (Pascal Remy)

Le maire de Charleville-Mézières a reçu la militante écologique Li An Phoa.

Passée pour la première fois dans les Ardennes au printemps 2018 à l’occasion d’une marche de 1061 kilomètres sur 60 jours tout au long de la Meuse entre la source du fleuve et le lieu où elle est née, la militante écologiste hollandaise Li An Phoa mène depuis plusieurs années un important combat écologique en faveur de la propreté des cours d’eau, sur le thème « Drinkable Rivers ».

Parce qu’il envisage de créer un réseau transfrontalier des maires des villes situées sur l’axe mosan, Boris Ravignon avait présenté en août ce projet à des élus belges et ardennais avant de recevoir Li An Phoa. Le 19 octobre, au chef-lieu des Ardennes, une dizaine d’élus issus de Cuijk, Givet, Namur, Neufchâteau, Sedan, Val-sur-Meuse et Warcq ont montré leur intérêt à cette initiative qui peut paraître utopique à certains en signant à Charleville-Mézières la déclaration commune « Mayors for à drinkable Meuse » (Mairies pour une Meuse potable). L’idée étant de constituer un réseau de villes impliquées à rendre la Meuse potable.

Avant ce long chemin, il est prévu d’aménager les berges, de construire des voies cyclables et pédestres, définir des profils d’eaux de baignades et effectuer des analyses bactériologiques.

SE RÉAPPROPRIER LE FLEUVE

Li An Phoa qui rêve de voir les habitants boire l’eau des rivières a réalisé la première étude citoyenne sur la qualité de l’eau portant sur toute la longueur d’une rivière. La Meuse étant en l’occurrence son sujet d’expérimentation.

Pour cela, elle a prélevé chaque jour avec l’aide de riverains, dont de nombreux enfants, des échantillons d’eau qui ont été analysés. Plus de 500 volontaires, surnommés les « anges de la Meuse », ont ainsi participé à l’opération mesurant la température, l’acidité, la turbidité et l’oxygénation de l’eau du fleuve. L’étude constitue une référence et sera répétée annuellement par celle qui va mener un projet similaire en 2020, le long de la rivière Yangtze en Chine.

Boris Ravignon qui entend travailler sur la qualité de l’eau pour réconcilier les Ardennais avec leur fleuve souhaiterait fixer des étapes à suivre pour se rapprocher de cet objectif. « On a trop longtemps tourné le dos à la Meuse. Or, ce fleuve a un charme immense. Nous devons capitaliser sur les plaisirs qu’il procure, les berges, la nature et les liaisons douces ville/fleuve». Celui qui porte aussi la casquette de président de l’Établissement Public des aménagements de la Meuse et de ses affluents a posé les premiers jalons de cette mission au cours d’une réunion de réflexion transfrontalière destinée à « prendre conscience de l’atout écologique et environnemental du fleuve et à s’engager dans cette démarche qui nécessite un travail collectif pour valoriser, apprécier et prendre soin de ce cours d’eau ».

« Les rivières potables sont un indicateur de vie saine et permettent d’attirer la créativité pour lancer des idées et innover. Ce rêve peut se réaliser », estime Li An Phoa. Désormais, elle espère sensibiliser les décideurs venus à sa rencontre en leur proposant d’adopter la potabilité des rivières comme un nouveau critère de développement économique, social et environnemental.