Impactée par une année 2020 en dents de scie, l’entreprise basée à Givry-en-Argonne depuis 1969, développe de nouvelles gammes de produits dont des poignées antimicrobiennes et des meubles design en aluminium.
Créée à Paris en 1938 par Enzo Ferri, l’entreprise a déménagé à Givry-en-Argonne en 1969 pour des raisons de place et de contraintes environnementales en milieu citadin. Elle a été reprise le 3 décembre 2009 par Jacques Leblais à la suite du décès de son propriétaire de l’époque, Michel Hannecart. Après avoir remis l’entreprise à flot, il procède progressivement à sa modernisation. «L’objectif était de stopper l’hémorragie financière et de dégager des résultats financiers pour les injecter dans des investissements ». Ce qu’il a fait peu à peu en faisant l’acquisition de machines automatisées et de robots destinées à l’usinage, au polissage et au traitement électrochimique de l’aluminium pour plusieurs centaines de milliers d’euros à chaque fois. « Aujourd’hui on achète un profil aluminium brut, que l’on extrude (procédé de modelage), puis on procède à son usinage, son traitement de surface et à son brossage », explique Jacques Leblais, qui se fournit exclusivement en France et en Suisse. L’entreprise procède également à la protection et à la modification de la couleur des pièces en aluminium par anodisation (transformation chimique par le passage d’un courant électrique).
UN PROJET D’ENVERGURE EN 2021 ?
En 2020, Jacques Leblais avait prévu un investissement majeur pour assurer la modernisation et l’automatisation de sa ligne de production et la réfection de ses cuves d’anodisation. Freiné par la crise, ce projet n’est que mis sur pause pour le moment et le chef d’entreprise espère bien le concrétiser en 2021. « Sans la crise, nous aurions déjà réalisé ce projet », souligne-t- il. « Aujourd’hui notre niveau d’activité n’est pas revenu à la normale pour nos clients, ce qui explique que nos carnets de commandes soient assez inégaux ». Aluminium Ferri a réalisé moins de 80% de son objectif prévisionnel en 2020 et n’est toujours pas revenu à son niveau d’activité d’avant-crise. « Nous avions tablé sur un chiffre d’affaires en hausse à 4 M€ et nous avons réalisé 3,6 M€ », précise le dirigeant, qui avait atteint 5,5 M€ en 2015 lorsqu’il avait décroché des chantiers d’équipements de paquebots pour le groupe de construction navale STX. « Aujourd’hui, notre stratégie consiste aussi à compenser ce que nous avons perdu quand nous avons arrêté de travailler pour les chantiers navals. Nous faisons des produits de plus en plus sophistiqués ». Une démarche très remarquée par des grands groupes (Schmidt, Lapeyre, Saint-Gobain, Roche Bobois…) qui lui commandent, outre les traditionnelles poignées, restant le cœur de métier de l’entreprise, des produits en aluminium tels que des vases, des tables basses, des étagères…
Pour continuer à développer cette gamme, conçue avec le concours d’un designer grenoblois, Jacques Leblais a créé sa propre marque, Alufacture. Présentée au salon Maison et Objet en 2020, sa progression a été elle aussi mise en stand-by par la crise sanitaire, ce qui n’empêche pas l’entreprise argonnaise de continuer à réfléchir à de nouveaux pro- duits et concepts. « Le projet Alufacture est ralenti pour le moment mais nous serons persévérants », assure le dirigeant qui a développé un site marchand dédié à cette marque axée sur le haut de gamme particulier et sur une clientèle professionnelle, dans l’hôtellerie notamment. 2021, année de tous les projets pour Aluminium Ferri ? Les cinquante salariés de Givry-en-Argonne s’y tiennent prêts.
Steriall, une solution pour réduire les contaminations dans les Ehpad
Membre du « cluster antimicrobien » depuis une dizaine d’années aux côtés d’autres partenaires régionaux (avec plusieurs entreprises régionales telles que : Le Bronze Industriel, les peintures Chagneau, Axon’Cable, Charbonneaux Brabant, Forbo…), Aluminium Ferri développe une gamme de poignées de meubles en cuivre antimicrobien, à partir de l’alliage breveté Steriall (une marque appartenant au groupe Le Bronze Alloys), aux propriétés assez remarquables en matière de lutte contre toutes sortes de virus. « Contrairement aux solutions déjà présentes sur le marché, avec le cuivre Steriall, le virus est considérablement affaibli en quelques minutes seulement et il est éliminé à 98% en une heure », souligne Jacques Leblais. Une performance notable en comparaison avec l’acier sur lequel le virus reste actif à 100% pendant plus de 6 heures. L’alliage divise le nombre de contaminations du coronavirus par quatre. L’entreprise a engagé une grande démarche de prospection auprès des Ehpad dans l’Ouest de la France. Si le produit peine encore à percer pour des raisons de priorité du moment, d’éloignement des centres de décisions et aussi de coût (la matière première du Steriall étant cinq fois plus chère que l’aluminium), l’innovation va dans le sens de l’histoire, assure le dirigeant : « Nos produits sont qualifiés selon les normes les plus sévères du moment. Ils offrent une garantie anti- microbienne à vie et permettent aussi aux établissements de faciliter les protocoles sanitaires en réduisant la fréquence d’entretien des pièces ». Parmi les arguments déployés par la marque pour convaincre les éventuels acheteurs, leur fabrication française et toute une gamme de 12 design possibles, disponibles en standard ou en sur-mesure sur le site de l’entreprise.