Aujourd’hui ingénieur commercial au sein du groupe Atos, ce jeune homme a derrière lui un parcours d’études supérieures entièrement réalisé en alternance. Une formule dont il est un fervent militant.
Hissam Haouamed se souviendra sans doute longtemps du mois de février dernier : c’est là qu’il a reçu son diplôme de Master 2 Ingénieur d’affaires en hautes technologies. L’aboutissement d’un parcours d’études supérieures réalisé uniquement en alternance pour ce jeune homme natif de Chenôve qui est aujourd’hui ingénieur commercial au sein du groupe Atos, un des acteurs majeurs au niveau mondial de la transformation digitale, dont le siège est à Bezons au nord-ouest de Paris, dans le Val- d’Oise. On y propose de la prestation intellectuelle informatique pour des clients grands comptes (entreprises du CAC 40, ministères) en accompagnant ces structures sur des projets à fort enjeu numérique. Hissam Haoumed occupe cette fonction depuis la fin octobre 2018, après avoir effectué une année d’alternance dans le même groupe. « En tant qu’ingénieur commercial, explique-t-il, je m’occupe des secteurs Défense et Sécurité intérieure. Mon client principal est le ministère de l’Intérieur. Je les accompagne dans leurs projets de développement informatique afin de mettre en place de nouveaux outils, de nouvelles applications. Nous leur mettons à disposition des compétences et des ressources. Je reçois des appels d’offres, des expressions de besoins de la part de mes clients et je leur propose un dispositif de prestations informa- tiques intellectuelles. Je vends de la prestation et je fais du placement de consultants informatique. Mon rôle est de concevoir et de proposer des équipes aptes à répondre aux attentes des clients ».
L’ART DU JOB-DATING
Intégrer une entreprise telle qu’Atos dans le secteur des technologies de l’information (IT) n’est pas chose facile. Hissam Haouamed a déjà dû trouver une école apte à le former dans le cadre d’une alternance, en l’occurrence, Euridis Business School, basée à Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis ( spécialisée dans les métiers du commerce, de la vente et de la négociation, qui propose des formations en alternance de post-bac à bac+5). « Cette école forme également aux métiers d’affaires en hautes technologies, poursuit Hissam Haouamed, et l’avantage de ce centre de formation en alternance, comme tous les établissements du même type, c’est qu’il dispose de son propre réseau d’entreprises partenaires. Pour ma part, j’ai été recruté par Atos dans le cadre d’un job-dating organisé au sein de l’école ».
En 20 minutes, ce jour-là, Hissam expose son parcours et parvient à convaincre la société de le recruter en alternance. Le choix de l’alternance, dans le parcours de ce jeune homme, ne doit rien au hasard. Au lycée, Hissam est en seconde générale et ne s’y sent pas bien : « J’étais alors à la limite de l’échec scolaire, se souvient-il, et j’ai choisi de me réorienter au lycée Saint-Bénigne de Dijon pour préparer un bac pro Commerce, grâce à une passerelle, en passant directement en classe de 1ère et en évitant de refaire une classe de seconde, alors que j’en avais déjà fait deux… ». Par ce biais, l’adolescent qu’il est alors a le sentiment de rebondir et d’avoir enfin trouvé sa voie. Il obtient son bac pro de manière brillante. « J’ai retrouvé de la confiance en moi et j’ai aussi été très encouragé par mes professeurs de Saint-Bénigne à poursuivre mes études après le bac. Je voulais vraiment faire des études post-bac très professionnalisantes. Être sur les bancs de la faculté ou aller dans une école de commerce classique ne m’attirait pas. L’alternance m’apparaissait au contraire comme une voie intéressante. Je voulais à la fois les diplômes et l’expérience professionnelle ». On guide donc Hissam Haouamed vers un BTS Management des unités commerciales (MUC) en alternance qu’il prépare à Dijon au sein de SB Formation (groupe Saint-Bénigne). Dans le cadre de ce BTS, c’est Orange qui le recrute, là encore par le biais d’un job-dating. Il opère en tant que conseiller commercial, deux ans durant, à la boutique de l’opérateur téléphonique de Quetigny, et obtient son BTS. « Je n’étais pas prédestiné à faire de longues études, poursuit Hissam, mais l’alternance m’y a aidé. Quand, à la fin de ma seconde générale, on m’a conseillé de faire un bac pro Commerce, d’avoir mon bac et de travailler à l’issue, je ne trouvais pas que c’était une perspective très motivante. Je voyais plutôt ça comme une voie de garage. Mais j’ignorais alors qu’on pouvait faire de longues études post-bac en alternance ».
L’expérience lui a peu à peu démontré le contraire, à condition d’en avoir la volonté et d’y mettre ce qu’il faut en termes de travail. Son BTS en poche, Orange lui propose de l’embaucher en CDI mais lui ne souhaitait pas s’arrêter. Il se dirige donc vers une licence professionnelle de manager commercial qu’il prépare au centre de formation de la CCI à Quetigny et Orange le conserve, mais toujours en tant qu’alternant dans l’optique de l’obtention de cette licence. Une fois le cap de la licence passée et alors qu’Orange persiste à vouloir le recruter, le jeune homme décide, lui, de poursuivre son chemin de formation pour un master. Cette fois, il trouve son bonheur à Besançon, au sein de l’École des cadres dirigeants pour entreprendre (ECDE). Là encore, Hissam Haouamed passe par la case « job-dating » et est alors repéré par le groupe La Poste. On lui propose un poste de manager d’équipe de distribution, toujours en alternance, à Morteau, dans le Doubs. À cette période, il sait qu’il veut s’orienter sur le management, une dimension complémentaire à son expérience déjà acquise dans le commerce. Il obtient son master 1 Manager de business unit et, à l’issue, désirant revenir sur le commerce pur et les nouvelles technologies, il choisit de mettre un point final à son parcours d’étudiant alternant avec Euridis Business School citée plus haut.
Au terme de ces années d’études, ce que retient Hissam Haoumed, c’est que l’élément déclencheur qui l’a poussé vers l’alternance, c’était le sentiment de ne pas être laissé pour compte par les enseignants qui l’ont encouragé dans cette voie. « J’ai eu en face de moi des professeurs qui m’ont donné confiance et j’ai trouvé, dans ce mode de formation, des aspects concrets, pratiques, qui m’ont parlé. La clef, c’est aussi d’être passé très près de l’échec scolaire et j’avais intégré le fait que je n’avais pas d’autre choix que de réussir ». Hissam retourne régulièrement dans son ancien lycée, à Saint-Bénigne, et dans les centres de formation par lesquels il est passé, pour témoigner de son parcours et faire passer un message. « J’essaye de rassurer les élèves que je rencontre, d’être porteur d’un message de confiance et de transparence. Je sais par où je suis passé donc je ne leur raconte pas d’histoire. Je tente aussi de leur enlever de la tête les barrières qu’ils peuvent se mettre, souvent de par leurs origines sociales, ou parce qu’ils viennent de tel ou tel quartier. Je pense qu’on peut aller le plus loin possible lorsqu’on en a la volonté, sans pour autant nier les difficultés. J’en ai eu moi aussi, mais je cherche à faire comprendre que ces difficultés, elles peuvent servir à nous renforcer ».
