Près d’un an après son arrivée à la direction de Dijon Céréales, rencontre avec Christophe Richardot, qui dirige également l’Alliance BFC. Face aux défis qui se posent à l’agriculture, ce dirigeant oriente l’ensemble dont il a la responsabilité sur de nouvelles approches, voire de nouveaux métiers, en conjuguant les complémentarités.
Faire converger les pôles métiers avec un objectif de mutualisation des coûts, diversifier et sécuriser les revenus des exploitants adhérents, renforcer la proximité avec ces adhérents, mutualiser les ressources en matière d’innovation : tels sont les quatre axes de travail qui incombent à Christophe Richardot, dirigeant de l’Alliance BFC, rassemblement de trois coopératives agricoles, dont Dijon Céréales (voir encadré). Notre homme est également à la tête de cette dernière coopérative depuis près d’un an. Parmi ces quatre axes, il en est un qui suscite particulièrement l’attention : celui consacré à la diversification et la sécurisation du revenu des agriculteurs. Pour Christophe Richardot, il est la traduction de la prise en compte des évolutions profondes du monde agricole, autant du point de vue des attentes des consommateurs à son égard que de celui des exploitants. « Nous travaillons sur plusieurs pistes, précise-t-il, en partant du constat d’un contexte de plus en plus compliqué pour les productions végétales, notamment en lien avec les questions environnementales. Nous réfléchissons donc à prendre en compte la montée en puissance du bio, la volonté de consommer local… Notre objectif est de faire monter l’agriculture biologique à 15 % de nos surfaces contre 7 % aujourd’hui ».
Côté productions locales, l’Alliance BFC a mis en place, à Ciel, en Saône-et-Loire, près de Chalon-sur-Saône, une usine qui va produire des protéines à destination de l’alimentation humaine, à partir de graines de soja. Autre initiative : la réimplantation de production de raisin dans le Val de Saône. « Nous opérons sur ce dossier en partenariat avec la maison de vins Boisset, poursuit le dirigeant de l’Alliance. Nous faisons migrer des surfaces céréalières en surfaces viticoles. Tout cela contribue à diversifier le revenu des exploitants et à faire évoluer leur métier». Soixante hectares sont aujourd’hui en test et l’Alliance est en recherche de nouvelles terres sur ce thème.
« RÉINSSUFLER DU CHIFFRE D’AFFAIRES »
Autre aspect important suivant cette logique de diversification des revenus des exploitants : l’installation de centrales de méthanisation. Trois usines fonctionnant chacune avec la bio-masse issue de 150 exploitations sont portées par l’Alliance BFC qui réalisera également la collecte et le stockage de cette biomasse. Deux sont prévues en Côte-d’Or, à Châtillon-sur-Seine et Til-Châtel, et une troisième serait implantée dans le Doubs, à Lantenne-Vertière, près de Besançon. «C’est la possibilité de réinssuffler entre 20 000 et 30 000 euros de chiffre d’affaires annuellement dans les exploitations, souligne Christophe Richardot. Tous ces projets représentent des transformations importan- tes pour les coopératives de l’Alliance. Il s’agit d’investissements lourds, jusqu’à 45 millions d’euros par unité. Ce sont des projets qui impliquent de discuter avec les élus locaux, les collectivités, mais qui entraînent aussi la création de quatre à six emplois directs par unité». L’Alliance BFC mène par ailleurs une vraie réflexion en termes de développement digital car, là aussi, la transition numérique est à l’œuvre. Au programme : un nouveau site internet pour Dijon Céréales, opérationnel ces jours-ci, lancement d’un site de e-commerce et e-service d’ici le mois de juillet. « Nous renforçons la proximité avec nos adhérents à travers ces nouveaux outils. Nous formons les jeunes agriculteurs aux dossiers digitaux, à l’utilisation des réseaux sociaux».
LE « FERMENT » DE L’ALLIANCE
Dans la continuité de cette logique, l’Alliance BFC œuvre à mutualiser ses ressources en matière d’innovation. Illustration de cette volonté : la préparation des équipes pour accompagner et certifier les exploitants agricoles adhérents qui veulent adopter la norme Haute valeur environnementale (HVE). Dans l’Alliance BFC, Dijon Céréales représente 600 salariés pour près de 400 millions d’euros de chiffre d’affaires. « Nous sommes dans une dynamique de grande diversification, poursuit Christophe Richardot. Le travail que nous faisons sert de « ferment” à l’ensemble de l’Alliance BFC. Ces diversifications mises en œuvre au sein de Dijon Céréales vont systématiquement être élargies au périmètre des trois coopératives. Par ailleurs, l’ensemble bénéficie également des savoir-faire spécifiquement développés par chacune des coopératives : le machinisme agricole chez Terre Comtoise, l’expertise vigne de Bourgogne du Sud et celle en matière de productions végétales de Dijon Céréales».
La coopération dans les veines
Christophe Richardot est issu d’une famille d’agriculteurs de la Haute-Saône. Il a suivi des études au sein du lycée agricole de Vesoul avant de monter à Paris pour suivre des études de commerce, toujours en lien avec l’agriculture. À 23 ans, comme il le dit lui-même, il est « tombé dans la marmite de la coopération agricole » en intégrant une centrale d’achats pour les produits phytosanitaires, engrais, semences. Il a gravi tous les échelons de cette structure jusqu’à parvenir à la direction générale adjointe en 2009. L’année suivante, il participe à la fusion de trois centrales d’achats qui aboutit à la création d’Aréa, première centrale française, dont le champ d’action s’étale de la frontière luxembourgeoise à Aix-en-Provence, et qui alimente 150 000 exploitations. C’est par ce biais-là que Christophe Richardot entre en contact avec Dijon Céréales. Ce lien avec la coopérative dijonnaise croît en parallèle du rapprochement de quatre coopératives (Interval, Bourgogne du Sud, Dijon Céréales et Terre Comtoise). Le souhait était de créer un pôle coopératif structuré sur la Bourgogne Franche-Comté, Alliance BFC. Finalement, cette dernière s’est constituée le 1er janvier 2018 uniquement avec Bourgogne du Sud, Dijon Céréales et Terre Comtoise et Christophe Richardot en a pris la direction.