Aline de Baast a trouvé son Larzac en Côte-d’Or

À Barjon, Aline de Baast réussit un vieux rêve de citadin : quitter la ville pour élever des chèvres et produire ses propres fromages dans une exploitation vertueuse.

C’est à la « ferme du cul de sac », sur les hauteurs de Barjon que l’on trouve Aline, mais aussi Athena, la cheffe de groupe, Cacahouète, Gélule, Happy Day, Pampille, Babette ou Maggie, et une vingtaine d’autres chèvres qui – objectivement – se ressemblent un peu toutes mais portent chacun leur patronyme. Et pour cause : chaque naissance est bien plus qu’un évènement. Élevés en liberté les caprins sont dorlotés telles des retraités en cure : soins préventifs à base de plante, alimentation régulière pour éviter le stress et pratiques d’élevage destinées à assurer leur bien-être, le tout dans un environnement qui leur est dédié. À tel point que les plus anciennes, non productives et généralement envoyées à l’abattoir disposent aussi de leur espace pour y passer « une retraite bien méritée ».

Cette grande famille, c’est le fruit d’une reconversion réussie pour Aline, ancienne vendeuse en électroménager chez Carrefour qui, la trentaine s’annonçant et telle les citadins des années 1970, rêve de se mettre au vert. Et ce n’est pas sur le plateau du Larzac mais à Barjon qu’elle trouve son Eldorado – une maison et un terrain – et un propriétaire sympa qui lui laisse le temps de passer les diplômes nécessaires pour ouvrir son exploitation. « Les débuts ont été rock,n roll ! La grange prévue pour abriter les chèvres n’était pas terminée et c’est dans une dépendance que les premiers chevreaux sont nés ». Cinq ans après avoir fait le pari – presqu’une image d’Épinal – de quitter la ville pour élever des chèvres, Aline travaille chaque année 13.000 litres de lait et 15.000 fromages : les classiques mais aussi des essais concluants comme le Bilbouquet aux fleurs – en hommage à l’un de ses chevreaux disparus Bilbao – , des fromages à cuire, de la Tome, ou, plus récemment, des yaourts. Aujourd’hui Aline de Baast a ouvert sa boutique dans la cave de sa maison et sillonne les marchés. La crise du Covid lui avait permis de faire les gros titres de la presse nationale : au mois de mai, elle avait lancé un appel pour trouver à des chevreaux qui n’avaient pu rejoindre leur ferme pédagogique des familles d’accueil pour passer avec elles des contrats d’adoption et éviter à ces caprins de l’année, de terminer à l’abattoir.