Algue bleue made in Doubs et diversification d’activité

Michel Jeannot devant les bassins à spiruline. (Photo: Journal du Palais)

Le Gaec du Puy de Velle, près de Baume-les-Dames, dans le Doubs, élargit son offre en produisant dans sa ferme la première spiruline du département, un complément alimentaire très en vogue.

À La ferme du Puy de la Velle, on est convaincu que l’avenir de l’agriculture passera par une réorientation de l’alimentation vers des produits ayant le plus faible impact environnemental possible. Ce site situé à Villers-Saint-Martin, près de Baume-les-Dames, dans le Doubs, est entretenu depuis cinq générations par la famille Jeannot. C’est l’arrivée en 2017 de Florian – représentant la sixième génération – qui donne à l’exploitation dédiée jusqu’ici à la polyculture et à l’élevage, son orientation vers les énergies renouvelables et parallèlement la production d’une micro algue, la spiruline. « La conjoncture économique du secteur et la pression foncière importante, nous ont conduits à réfléchir à de nouvelles sources de diversification pour permettre à mon fils de s’installer durablement sur la ferme, de se dégager une source de revenu pérenne, raconte Michel Jeannot. Sensible aux questions environnementales, nous avons choisi d’installer en janvier 2018 un méthaniseur de 65 kilogrammes pour viser l’autonomie en approvisionnement. Restait à trouver comment valoriser la production de chaleur induite. C’est là que mon fils Florian a eu l’idée de la production de spiruline, qui cumule les avantages de ne pas nécessiter l’acquisition de surfaces agricoles supplémentaires et de présenter un excellent bilan écologique (faible consommation en eau par rapport aux éléments nutritifs produits, recyclage du CO2 dans des quantités supérieures aux autres plantes, ne nécessite aucun d’ajout d’agents chimiques…) ».

Pour bien réussir la culture de cette algue bleue (cyanobactérie), sur terre depuis 3,5 milliards d’année et naturellement riche en vitamines, protéines, minéraux et béta-caroténe, Florian Jeannot suit une formation au Centre de formation professionnelle et de promotion Agricole (CFPAA), qu’il complète d’un stage sur une exploitation à Fréjus. Conforté dans l’idée qu’il a fait le bon choix, le jeune homme investit dans une serre de 600 mètres carrés contenant trois bassins de production séparés. Chacun est rempli de dix centimètres d’eau de profondeur, agités par des roues à aube. Ensemencé de spiruline, l’environnement doit être maintenu à une température de 35 à 37 degrés et garder un bon ensoleillement. « Faire pousser de la spiruline nécessite un vrai savoir-faire. Il nous aura fallu une année pour bien maîtriser les paramètres de luminosité, d’alimentation, de gestion et de réglage des appareils… C’est un organisme vivant pour lequel un certain doigté est requis », explique Florian Jeannot.

DE TRÈS NOMBREUX DÉBOUCHÉS

Avec une production annuelle attendu de 500 kilogrammes de matière sèche, l’investissement de départ de 180 000 euros devrait être amorti en cinq ans.

Le chiffre d’affaires estimé est de 25 % du chiffre global de l’exploitation familiale. Confiant dans leur super aliment, les Jeannot ne tarissent pas d’éloges sur ses bienfaits. Facilement assimilable, riche en fer et en antioxydants, il permettrait de renforcer ses défenses naturelles, comblerait les carences en vitamines B12, soutiendrait l’activité intellectuelle, atténuerait la fatigue musculaire, augmenterait la sensation de satiété, aurait également des effets positifs sur la peau, les cheveux… « Nous avons de très bon retours de notre clientèle, qui s’est très vite fidélisée. Nous avons même été surpris d’être si rapidement suivi dans notre démarche. Les ventes en direct de la ferme ont très bien marché et le bouche à oreille s’est étendu sur les 25 kilomètres alentours », témoignent les agriculteurs. Il faut dire aussi que la ferme du Puy de la Velle est la seule du Doubs à proposer ce super aliment. La distribution, conditionnée en sachet de 100 grammes sous forme de poudre, de paillettes ou de comprimés, se fait également dans quelques magasins spécialisés et sur leur site internet de vente en ligne qui permet de toucher toute la France.

Conscient de la richesse de débouchés de ce produit miracle, Florian Jeannot a également prévu un conditionnement en gros volume pour l’alimentation des chevaux. « En agriculture biologique, la spiruline est une bonne solution pour l’apport de minéraux chez les équidés, les bovins et même les poissons d’agrément. Elle présente également un intérêt prometteur, par ses propriétés anti-UV et sa forte éthique environnementale, sur le marché de la cosmétique et plus particulièrement sur celui des crèmes solaires, dont les composants actuels conduisent à la destruction des coraux. C’est aussi un allié de choix sur la question sociétale de la suppression des additifs et leur remplacement dans les aliments transformés », défend Florian Jeannot.

Florian Jeanneot, devant la serre. (Photo: JDP)

Vue d’ensemble de l’exploitation familiale de la ferme du Puy de la Velle, dans le Doubs. (Droits réservés)