Après plus de huit ans de combat face à face, Gaulois et Romains ont déposé les armes. Depuis le mercredi 9 décembre, la fameuse galerie des combats qui surprenait le visiteur dès l’entrée de l’exposition permanente n’est plus. Maintenant totalement vide, le premier étage du MuséoParc Alésia se prépare à accueillir, cet été, une nouvelle scénographie estimée à trois millions d’euros hors taxes.
En ce mercredi 9 décembre de l’an 2020, un combat titanesque se joue pour la dernière fois au premier étage du MuséoParc Alésia sur les terres d’Alise-Sainte-Reine. Des colosses de plus de trois mètres figés dans des grimaces plus belliqueuses les uns que les autres se voient inexorablement choir de leur piédestal par d’improbables soldats lilliputiens dépourvus de toutes armures. Ces envahisseurs qui mettent ainsi fin à l’affrontement de guerriers romains et gaulois pétrifiés depuis plus de huit ans dans un simulacre, criant de réalisme, d’un épisode, parmi les plus célèbres, de La guerre des Gaules, ne sont autres que les maîtres des lieux : les équipes du MuseoParc Alésia, sous la direction de Michel Rouger. Créée en 2012, la fameuse galerie des combats, était emblématique du site : elle surprenait le visiteur dès l’entrée de l’exposition permanente. La rencontre avec ces statues géantes permettait de saisir d’un coup la force de l’affrontement, tout en apportant beaucoup d’informations sur les équipements au combat. Aujourd’hui, une page se tourne, les imposantes icônes entrent dans une phase de repos, bien méritée. Un nouveau chapitre de l’histoire de ce lieu qui vit Vercingétorix s’y réfugier et tenir le siège des armées romaines conduites par Jules César, est sur le point de s’écrire, avec la mise en place d’une nouvelle scénographie qui sera dévoilée au public en juin. « Les attentes du public ont changé, la médiation culturelle a évolué vers toujours plus d’accessibilité, plus interactivité, plus d’expériences ludiques et plus de proximité avec les visiteurs. L’envie de découvrir les collections trouvées sur le site se faisaient également sentir… Relever le défi du renouveau ne nous fait pas peur, partant du postulat que si on ne peut pas refaire l’histoire, on peut renouveler la manière d’en parler au public », affirme Michel Rouger, directeur du MuséoParc. « Alésia est un lieu de fouilles depuis plus d’un siècle. Avec l’Archéologie en fil rouge, tout l’enjeu du projet de nouvelle scénographie est de mettre en regard les collections et la très longue période d’occupation humaine du site (du Néolithique à nos jours). Gardant une part importante pour la période du siège, cette nouvelle présentation permettra de comprendre pourquoi Vercingétorix se réfugie à Alésia, quel peuple gaulois est installé sur le mont Auxois à son arrivée, que devient Alésia après le siège de César… Cette scénographie valorisera en particulier les collections et présentera un florilège d’objets gallo-romains de l’agglomération, permettant de faire un pont avec les vestiges visibles sur le site », développe Patricia Janeux, attachée de conservation au conseil départemental de la Côte-d’Or. Le nouveau parcours permanent proposera une véritable immersion à la fois au cœur du siège d’Alésia mais aussi dans la ville gallo-romaine qui s’y est développée. Pour se faire, l’exposition consacrera une part belle aux collections trouvées sur le site (près de 600 pièces), jamais exposées jusqu’ici ! Devant la richesse archéologique des lieux, le choix des objets à exposer s’annonce cornélien. « D’où la mise en place d’une présentation modulable et amovible afin de pouvoir présenter plusieurs trésors au fil des années. Et pour débuter, ce sont les fouilles récentes qui seront dévoilées en priorité pour l’ouverture », complète Patricia Janeux. Ce nouveau volume se déploiera en huit espaces contextualisés, sur 1.100 mètres carrés, au cœur du bâtiment circulaire de Bernard Tschumi. Il est confié à Clémence Farrell qui signe la scénographie et la direction artistique, et à sa société de production Muséomaniac pour la conception audiovisuelle et multimédia. Une frise du temps interactive accompagnera la déambulation. Ponctuant cette dernière, des niches abriteront des bustes en réalité augmentée de César, de Vercingétorix et de Napoléon III (le premier à entreprendre des fouilles sur le site) qui commenteront, chacun à leur manière, l’histoire d’Alésia. Le visiteur pourra regarder mais aussi toucher : objets sonores, bac à fouille numérique, mur magique et autres manipulation virtuelle d’armes gauloises ou romaines pour se défouler dans des combats grandeur nature.
L’investissement pour ce chantier s’élève à trois millions d’euros HT, avec les frais d’études et la restauration des collections, dont 2,3 millions d’euros HT de travaux. Le conseil départemental de la Côte-d’Or pilote le dossier via une cellule de développement dédiée au site d’Alésia et a investi 1.086.663 euros HT. Le projet est co-financé par l’État à hauteur d’1,4 million d’euros et par la région Bourgogne Franche Comté à hauteur de 0,6 million d’euros.