Agreenculture prépare l’agriculture de demain

Agreenculture

Les robots d’Agreenculture embarquent une technologie de géo- positionnement très précise et une intelligence artificielle qui permet d’analyser l’environnement.

La start-up de Ramonville planche sur des robots autonomes géo-positionnés qui permettront aux exploitants de réduire leur consommation d’intrants et de collecter des données très utiles pour le suivi des cultures.

Hébergée au sein de la pépinière d’entreprises Théogone, à Ramonville, Agreenculture a de fortes ambitions : offrir aux agriculteurs des solutions qui leur permettent de « migrer vers des démarches plus agro-écologiques », explique son président fondateur, Christophe Aubé. Cet ingénieur aéronautique diplômé de l’Enac, ancien de Safran, et petit-fils d’agriculteurs, a très vite compris, au sortir de la Cop 21 en 2015, tout le parti qu’il pourrait tirer de ses connaissances aéronautiques pour concevoir des robots agricoles autonomes, guidés par GPS qui permettent aujourd’hui aux exploitants de verdir leur pratique en réduisant notamment l’utilisation de produits phytopharmaceutiques et d’engrais. Fondée en 2016, l’entreprise a rapidement été rejointe par Clément Baron, son actuel directeur des nouvelles technologies, via un dispositif d’essaimage du Cnes. Accompagnée par l’Esa Bic Sud France, et désormais par Dassault Systèmes, la start-up, qui emploie aujourd’hui 32 personnes, a lancé en 2018 une vaste expérimentation avec un partenaire industriel de renom, le fabricant de matériel agricole Kuhn, pour tester sa solution de smart farming (agriculture intelligente) : des robots autonomes multitâches dotés du système de positionnement RTK très précis et sécurisé développé quelques années plus tôt par une pépite toulousaine, Navontime, aujourd’hui disparue, et dont l’un des ingénieurs, Emmanuel Goua de Baix, a rejoint l’aventure Agreenculture.

GRANDES CULTURES, VIGNES, PÉPINIÈRES, MARAÎCHAGE…

Le démonstrateur – 50 ha de maïs cultivés en totale autonomie par trois robots – est un succès, puisqu’il a permis de réduire sensiblement « l’usage des produits phytopharmaceutiques, des engrais et la quantité d’énergie nécessaire pour la culture », précise Chris- tophe Aubé. Des résultats transposables, outre le maïs, pour les grandes cultures de blé, orge, colza… Mais pas seulement, puisque la start-up toulousaine a été sollicitée pour développer, avec un autre partenaire, un nouveau démonstrateur au cœur du vignoble champenois. Les essais sont en cours.

L’équipe développe en parallèle ses propres robots autonomes guidés par GPS pour le secteur des pépinières et celui du maraîchage. « Cela a donné des idées à d’autres sociétés qui ont vu nos systèmes fonctionner et qui veulent ce que l’on vend, c’est-à-dire un combo de positionnement très précis et intègre, afin de garantir un très haut niveau de sécurité, et un système capable de se guider et de se déplacer selon un itinéraire, capable également de déplacer plusieurs robots dans un même environnement et capable enfin de collecter des données sur le terrain pour les traiter et en extraire des informations utiles pour les agriculteurs ou pour d’autres usages », détaille le président d’Agreenculture. Trois de ses systèmes sont déjà utilisés hors de France : en Turquie, en Hongrie et en Espagne et en 2020, huit autres seront déployés ailleurs dans le monde.

La start-up a encore d’autres projets dans les tuyaux : « des solutions destinées à l’entretien des abords des voies de chemin de fer en vue d’abandonner le glyphosate, d’autres pour entretenir les abords d’autoroute afin d’éviter que du gibier niche à proximité et cause des accidents, etc. », détaille Christophe Aubé.

La PME qui a réalisé un chiffre d’affaires de 1 M€ l’an dernier et table sur un volume d’activité de 2,2 M€ en 2020, est en phase de levée de fonds. Elle espère collecter de l’ordre de 2,5 M€. Un montant qui doit lui « permettre de standardiser notre boîtier électronique pour qu’il fonctionne absolument partout. Ensuite cela va nous permettre de déployer nos solutions dans le milieu agricole, ce qui signifie identifier les cultures clés ainsi que les modifications à apporter pour pouvoir les adresser. Dernier point : il nous faut envisager des solutions hors du milieu agricole pour sécuriser notre développement, l’agriculture étant une activité cyclique, telles que l’inspection de pipelines, l’entretien des aéroports ou encore la sécurisation des sites miniers à ciel ouvert ».

En affolant les marchés, la propagation du Covid-19 pourrait cependant contrecarrer ses plans. « Nous pourrions avoir certaines difficultés à mobiliser des fonds, admet le PDG. Alors que fondamentalement, s’il y a deux secteurs qui vont survivre à cette pandémie, c’est la médecine et l’agriculture : on va continuer de se soigner et de manger. S’il faut investir, c’est chez nous et maintenant ! »