Agnès Pannier-Runacher était en déplacement le 11 mars, dans la Marne, chez Axon Câble, leader dans la fabrication de connexion et liaisons sur mesure dans l’aéronautique ainsi que chez Tereos, entreprise spécialisée dans la valorisation de matières premières agricoles, afin de détailler la mise en œuvre du Plan France Relance dans l’industrie.
C’est dans la partie fabrication et production de câbles que la visite de la ministre déléguée à l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher a débuté, tambour battant, sa visite marnaise. L’entreprise, lauréate du Fonds de modernisation et de diversification de la filière aéronautique a pour objectif de créer une nouvelle gamme de câbles et fils coaxiaux rubanés « plus fiables et plus performants », tout en modernisant son process de fabrication et en améliorant la performance environnementale du site. « La ligne que nous sommes en train de terminer, la ligne Salomon, c’est notamment grâce à la plus grosse subvention que nous avons reçu dans l’histoire de notre entreprise. Ça nous a encouragé à accélérer encore notre développement », indique Joseph Puzo, Pdg d’Axon Câble, dont l’entreprise est en première ligne dans la R&D, aussi bien au niveau de ses ingénieurs que de ses autres collaborateurs. Elle a bénéficié pour ce projet, de presque 800 000 euros de subventions. « On a des clients potentiels et dès que le produit sera finalisé, d’ici 6 mois, il devrait rapporter d’ici 2-3 ans, environ 6 millions d’euros », livrait Joseph Puzo en octobre 2020 (voir Pamb 7885) lors de l’inauguration de l’usine Axoplus qui accueillera cette ligne de production.
UN PEU DE MONTMIRAIL SUR MARS
En effet, l’entreprise marnaise – au départ une PME d’une centaine de salariés et aujourd’hui une entreprise de taille intermédiaire de 2 400 salariés – se distingue par son expertise et sa spécialisation très forte qui font que ses câbles équipent aujourd’hui le robot Persévérance, déployé sur la planète Mars. « Cette entreprise incarne parfaitement ce que nous appelons “les pépites industrielles’’, les champions cachés des territoires », insiste Agnès Pannier-Runacher. « Faire de l’innovation une discipline permanente, investir dans la formation, ici 10 % de la masse salariale, c’est aussi ça qui renforce notre industrie. »
1 200 entreprises françaises sont actuellement accompagnées dans le Plan de Relance. « Des entreprises de tailles intermédiaires, des PME, des entreprises qui prennent des risques, qui ont des projets et qui disent que dans les crises il y a aussi des opportunités à saisir, en se projetant dans l’avenir », souligne la ministre de l’Industrie. Redévelopper la production industrielle en France alors qu’entre 2000 et 2016, ce sont 1 million d’emplois qui avaient été détruits dans l’industrie, tel est le credo du ministère de l’Économie. « Nous avons financé en quatre mois plus de projets que nous attendions en deux ans et demi. »
71,4 M€ DE SUBVENTIONS DANS LA MARNE
Pour y arriver, dans la Marne, 71,4 millions d’euros ont été attribués à 87 lauréats. Au niveau national, 800 millions d’euros ont été débloqués pour soutenir les projets de relocalisation. Soutien qu’ont saisi les entreprises du territoire, qui ont rapatrié des sites de production en France ou qui conservent dans leurs sites de production, des ateliers habituellement externalisés à des sous-traitants. Et alors que la France compte quelque 33 000 industries, un tiers d’entre elles a déposé un dossier au titre du Plan France Relance, avec des projets nourris. Cette implication des chefs d’entreprise a poussé le ministère de l’économie à ré-investir dans ce secteur qui pèse 12,4 % du PIB en France. « Nous nous sommes dits qu’on ne pouvait pas laisser les projets qui arrivaient sur la table de côté, c’est pourquoi, avec le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, nous avons décidé de sortir 1 milliard d’euros supplémentaire », relève Agnès Pannier-Runacher. Ce soutien s’articule autour de quatre axes : moderniser, décarboner, relocaliser et innover. « Un dossier sur deux concerne la localisation ou la re-localisation », précise la ministre.
QUID DU SECTEUR PÉTROLIER ?
Cette visite aura d’ailleurs été l’occasion pour le président de la communauté de communes et maire de Montmirail, Etienne Dhuicq, d’alerter sur le devenir du secteur para-pétrolier, très actif dans le secteur avec la société IPC Pétroleum qui possède 10 de ses 12 gisements pétroliers autour de Montmirail et dont dépendent environ 150 emplois indirects. « Le plan France Relance vise à accompagner les entreprises vers une transition plus verte, à investir dans des secteurs décarbonés, avec par exemple, 7 milliards d’euros pour le Plan Hydrogène. La problématique est aujourd’hui de savoir aussi comment on va repositionner les énergies carbonées. Une mission sur l’avenir des industries para-pétrolières a été créée à ce sujet-là. »
TEREOS AVANCE EN MATIÈRE DE DÉCARBONATION
L’usine Tereos de Connantre est lauréate du plan France Relance avec un projet déposé auprès de l’ADEME s’inscrivant dans la stratégie globale de décarbonation du Groupe, initiée depuis plusieurs années. Ce projet consiste à déployer un pré-sécheur permettant de traiter les pulpes de betteraves destinées à la nutrition animale avant leur acheminement vers l’un des quatre sites de déshydratation de Tereos dans la Marne.
En récupérant la chaleur, jusqu’alors inemployée, le pré-sécheur permettrait de réduire la consommation d’énergie des unités de déshydratation de 30 à 40 %. Le groupe coopératif a déjà investi 131 M€ dans sa sucrerie de Connantre ces 7 dernières années afin d’en accroître la performance économique et environnementale. L’objectif du site est d’atteindre, en 2022, une réduction de 30 % d’énergie consommée (par rapport à 2016), de 36 000 tonnes d’émissions de CO2 et d’être totalement indépendant pour sa consommation d’eau en 2023.
Dans ce cadre, pour la prochaine campagne sucrière, le site de Connantre disposera d’un nouveau lavoir qui augmentera la capacité de l’usine à 27 000 tonnes de betteraves par jour, soit une augmentation de 22 % de production. Il permettra également de réduire de 30 % la consommation d’énergie et de 50 % la consommation d’eau de l’activité de lavage qui est au cœur du process de transformation de la betterave.
« La décarbonation n’est pas un vain mot dans l’industrie et les entreprises vont pouvoir en faire un vrai levier de compétitivité à l’international », a déclaré Agnès Pannier-Runacher.