Les 19 ministres des Finances ont finalisé la création d’un budget de la zone euro.
Après une nuit de discussions, à Luxembourg, les 19 ministres européens des Finances ont trouvé un accord sur les grandes lignes du futur budget de la zone euro, un projet notamment porté par Emmanuel Macron. La nuit a permis de finaliser l’architecture de cet « instrument budgétaire de convergence et de compétitivité » (IBCC) en définissant notamment la nature des investissements éligibles à son financement et les réformes attendues en retour.
Reste que si le pas franchi est politiquement important, il reste à ce stade très limité. La France et les pays du Sud, partisans d’une plus grande solidarité, se heurtent aux réticences des pays du Nord, Allemagne et Pays-Bas en tête, partisans de la rigueur budgétaire. La prudence est ainsi de mise : le montant du futur budget de la zone euro, qui sera lancé en 2021, et son financement ne seront précisés que cet automne, dans le cadre plus large des négociations sur le budget de l’UE, qui intégrera l’IBCC.
Seule certitude : son montant de départ sera limité et très loin des ambitions originelles de Paris. Des sources européennes évoquent 17 milliards d’euros. Mais l’outil pourrait toutefois monter ensuite en puissance via de nouvelles taxes, comme le préconisent ses partisans. Est notamment évoquée la taxe carbone aux frontières, la taxe GAFA et la taxe sur les transactions financières (TTF), serpent de mer européen qu’une dizaine d’États, dont la France et l’Allemagne, tentent de relancer.
LA PRUDENCE DES PARTISANS DE LA RIGUEUR
La prudence des partisans de la rigueur budgétaire est en outre alimentée et accentuée par l’attitude de l’Italie, qui laisse se creuser son énorme dette. La question de la sanctionner ou non n’était pas à l’ordre du jour mais aura plané sur les débats. Plusieurs responsables européens ont accentué la pression sur Rome, car réduire la dette de l’Italie est primordial pour conserver la stabilité de la zone euro.
Le président de l’Euro-groupe, Mario Centeno a prié Rome de clarifier ses intentions sur le budget suite aux récentes déclarations contradictoires de responsables italiens. « J’invite l’Italie à saisir la main qui a été tendue par la Commission européenne », a aussi insisté Bruno Le Maire. Valdis Dombrovskis, le commissaire européen en charge de la stabilité financière, a rappelé que l’Italie devrait apporter des « corrections importantes » à ses finances publiques pour atteindre les objectifs convenus.
Le FMI a de son côté apporté son soutien au projet de budget européen, même encore embryonnaire. Dans le cadre d’un rapport sur la zone euro, il a estimé que celle-ci « a besoin d’un mécanisme supplémentaire de stabilisation macro-économique » et que la création du BICC serait premier signe « encourageant ». De même, le FMI a salué la refonte du Mécanisme européen de stabilité (MES), acté par les ministres, qui doit contribuer à fortifier la zone euro.
L’organisation dirigée par Christine Lagarde presse l’UE d’aller plus loin et de finaliser l’union bancaire en instaurant un système européen de garanties des dépôts. Mais le dossier reste bloqué car les pays du Nord craignent de devoir financer les dérives des pays du sud.