Acapela pousse la voix grâce à l’IA

Rémy Cadic, DG d’Acapela Goup France. (Droits réservés)

Acapela, expert des solutions vocales depuis trente ans, additionne les expériences pour donner une identité vocale à ceux qui l’ont perdu.

Si le corps humain a ses limites, Acapela n’en a pas. L’entreprise ancrée à Labège depuis plus de 30 ans et qui fait partie d’Acapela Group, a su se faire une renommée mondiale sur le secteur des voix de synthèse. Depuis plus de trois ans, une partie de l’équipe planche sur une application innovante « my own voice » qui permet aux personnes perdant petit à petit leur voix, suite à un accident ou à une maladie lourde, de parler à nouveau et de préserver leur identité vocale. La première version a été mise sur le marché en 2018 et connaît depuis des évolutions. D’ailleurs, en juin dernier, un premier patient en Occitanie a bénéficié de ce dispositif basé sur l’intelligence artificielle et s’est largement exprimé sur cette prouesse technologique. « C’est la synthèse de trente ans d’expérience et de centaines d’heures d’enregistrements réalisés. Près de 10 personnes travaillent sur le projet et nous avons beaucoup investi pour proposer un concept simplifié : le client enregistre sur un ordinateur environ 300 phrases conçues par des linguistes. L’enregistrement est traité par des algorithmes de synthèse vocale. Deux jours après, la voix de synthèse est livrée en ligne. Le client peut tester sa voix et demander la livraison sur un kit qui peut être installé sur n’importe quel smartphone ou ordinateur. Les mots au préalable enregistrés récupèrent deux caractéristiques de la voix : son timbre et sa prosodie », développe Rémy Cadic, le DG d’Acapela Goup France, ingénieur de formation qui chapeaute à Labège une quinzaine de collaborateurs, avant de poursuivre : « Acapela souhaite fournir à chacun, quel que soit son handicap ou sa difficulté, une voix pour vivre plus indépendamment grâce à la technologie ».

Surfant sur différents marchés, Acapela Group qui réunit au total 50 salariés répartis entre la France, la Belgique et la Suède, élabore d’une part des voix sur mesure, dans une trentaine de langues, pour des grands comptes issus d’univers hétéroclites tels que le transport, l’éducation, les voitures autonomes, les robots et d’autre part crée des voix pour les enfants afin de permettre à ceux qui ont un handicap de communiquer comme leurs camarades. « Au départ, l’idée est née dans des laboratoires de recherche de France Télécom et de fil en aiguille, elle est devenue une activité commerciale. Portée ensuite par la société Elan qui a été intégrée au groupe en 2014, l’activité générait des produits pour les malvoyants et les aveugles. C’est sur ces usages que la synthèse vocale a été développée », précise-t-il.

De plus, le « voice first » est aujourd’hui répandu dans notre quotidien, partout où la voix joue un rôle essentiel. « La voix est la prochaine interface utilisateur pour communiquer avec les objets », explique celui qui a pris les rênes en 2015, lorsque le groupe a racheté sa start-up, CreaWave, détentrice d’une nouvelle technologie de « concept-to-speech » qui a d’ailleurs enrichi l’offre initiale.

LE MACHINE LEARNING PERMET DES PROUESSES

Aujourd’hui, si le groupe a prouvé son savoir-faire sur le marché international, c’est grâce au rachat de trois sociétés, toutes expertes dans le domaine des solutions vocales mais aussi grâce à l’innovation technologique que confère le machine learning « Les derniers travaux de recherche d’Acapela sur le machine learning permettent de créer aujourd’hui rapidement des voix adaptées aux besoins spécifiques d’une société, d’une marque ou d’un produit ». Le groupe œuvre activement sur les DNN (deep neural networks) qui révolutionnent progressivement la reconnaissance de la parole. « Cette révolution de l’apprentissage par la machine est en train de tenir ses promesses dans le domaine des voix digitales », témoigne-t-il. Et le groupe a donc fait un bond en avant. Quant à la question de permettre aux personnes de chanter, « c’est peut-être un axe de développement », avance le directeur à demi-mot. Pour l’instant Acapela compte générer plusieurs milliers de voix américaines, anglaises et françaises concernant sa nouvelle solution et lance une phase de recrutement pour ouvrir deux autres bureaux en Allemagne et à Paris.