A réalité virtuelle, bénéfice réel

Benjamin Logan : son application permet de traiter les phobies grâce à la réalité virtuelle, sur smartphone ou avec un casque de réalité virtuelle.

L’avantage avec les phobies (comme celle des araignées) c’est que, contrairement à d’autres pathologies mentales, celles-ci « se guérissent assez facilement, en exposant la personne à l’objet de sa phobie » de manière contrôlée par son thérapeute, et grâce à des exercices à faire chez soi ou en situation de peur. L’inconvénient, « c’est qu’il y a un très faible taux d’observance des patients de leurs exercices prescrits : 75 % d’entre eux respectent mal leur obligation, et un tiers ne les fait pas du tout », explique Benjamin Logan. Fondateur de la start-up Altellis (ex Med-ebloom), qui est actuellement hébergée par l’incubateur Nubbo, ce jeune psychothérapeute a eu l’idée de mettre la réalité virtuelle au service du traitement des phobies, en permettant à une personne d’affronter sa peur grâce à un casque de réalité virtuelle (VR) ou sur son smartphone, lors d’une séance chez le thérapeute ou chez lui.

Une idée qui lui est venue lorsqu’il faisait encore ses études en médecine générale, en voyant le travail de son frère Joshua, développeur de jeux en VR et sur smartphone. « À l’époque, je m’intéressais déjà à la psychiatrie, et j’avais entendu parler du traitement des phobies où on exposait le patient à l’origine de son trouble pour qu’il s’y habitue ; et je me suis dit que ce serait formidable d’utiliser la VR ». Au moment de son internat en psychiatrie, le jeune homme se renseigne à nouveau, et se forme aux thérapies cognitives et comportementales. Preuve que le sujet de recherche est légitime, depuis 2015, une entreprise de Toulon, C2Care, développe des logiciels pour casques de VR pour le traitement de la dépression, des phobies ou des troubles alimentaires. « Or, je me suis aperçu, par ma pratique de psychothérapeute, que ce système n’est pas du tout adapté. Parce que cela suppose un investissement de 1 500 € dans le matériel, ce qui est envisageable pour le thérapeute, mais pas pour le patient. Car le principe de ces thérapies, c’est un transfert de compétences » à ce dernier. D’où l’idée de développer un logiciel « qui puisse marcher avec la majorité des smartphones du marché ».

Aussi Benjamin Logan a-t-il fait part de son idée à la Fédération régionale de recherche en psychiatrie et santé mentale (Ferrepsy), qui a été séduite. En octobre 2017, Altellis (alors Medebloom) finit deuxième au concours de start-up du Congrès français de psychiatrie : « on a eu plein de retours positifs des thérapeutes, et donc j’ai vu qu’il y avait quelque chose à faire. « Mais pour les thérapeutes, tient-il à préciser, la réalité virtuelle, c’est un exercice comme un autre. Le plus important, c’est que le patient fasse ses exercices, sachant que sur la plateforme à laquelle celui-ci a accès, il y aura des rappels ». Quant au business model d’Altellis, il est encore en cours d’élaboration, mais devrait prendre la forme d’un abonnement mensuel pour le thérapeute, dès que la solution sera disponible fin 2019.