A nouvelles banques, nouvelle pédagogie

Conduire les futurs banquiers à être créatifs plutôt qu’à demeurer dans des schémas de reproduction : c’est le but que recherche le CFPB à travers ses nouvelles approches pédagogiques.

Face aux mutations des métiers du secteur, le Centre de formation de la profession bancaire (CFPB)-École supérieure de la banque propose des sessions au contenu pédagogique fortement marqué par la scénarisation et les nouvelles technologies.

Formation initiale, continue, ou en alternance : la délégation régionale Alsace Bourgogne Franche-Comté du Centre de formation de la profession bancaire (CFPB)- École supérieure de la banque couvre un large panel de besoins et ces derniers sont nombreux et évolutifs depuis quelques temps. Ceci en lien avec les mutations profondes rencontrées par le secteur de la banque dans son ensemble (numérisation croissante, changements d’habitudes des consommateurs…). Il faut donc s’adapter. L’alternance est un mode de formation qui a beaucoup progressé au sein du CFPB, comme le confirme sa déléguée régionale Renée Schlauder. Cela représente aujourd’hui 50 % de l’activité totale. « Sur la Bourgogne Franche-Comté, nous avons environ 230 alternants. Je pense qu’il y a là une voie royale de recrutement pour les banques. Ces dernières connaissent leurs apprentis, elles les voient évoluer pendant un an et majoritairement, ils sont recrutés au terme de la formation». Depuis 2018, le CFPB a, malgré tout, amorcé un virage. Dans le contexte de fortes évolutions décrit plus haut, son comité stratégique a décidé de réécrire la licence professionnelle.

TRAVAIL COLLABORATIF

Jusqu’à présent, l’apprentissage se faisait avant tout à partir de l’acquisition de théories, dans un sens descendant. À présent, cette licence professionnelle s’appuie sur de véritables scenarii et implique beaucoup plus de travail collaboratif de la part des apprenants. « On part du principe, poursuit Renée Schlauder, que l’intelligence artificielle est dans toutes les banques. Des tas de choses que l’on devait apprendre hier ne sont plus indispensables car l’outil numérique peut s’en charger. Aujourd’hui, on cherche une autre forme d’apprentissage en développant avant tout la créativité, la co-construction pour atteindre un but. Le formateur est là pour conduire nos étudiants vers ce but. À partir d’un scénario qui leur est soumis, les apprenants sont amenés à construire tout un schéma ». Plongés dans des difficultés très concrètes, en conditions réelles, les étudiants doivent trouver des solutions en commun. Ils peuvent, par exemple, être confrontés à des évènements qui jalonnent le quotidien de deux familles fictives (mariage, naissance, achat d’une voiture…). En cohérence avec cette volonté, le CFPB a créé un campus numérique. « Il facilite le travail collaboratif, souligne Isabelle Thomas, coordinatrice pédagogique au sein de la délégation régionale du CFPB. C’est un outil ouvert qui permet aussi du e-learning. Les étudiants peuvent y trouver toute la documentation qui leur est nécessaire ». Cette nouvelle approche pédagogique sous-entend une capacité d’écoute de la part du CFPB face aux remarques éventuelles des étudiants, dans le but de la faire évoluer, quasiment en continu. Dans cette dynamique globale de réécriture des formations figure également le diplôme Institut technique de banque (ITB), qui a démarré en novembre dernier. « Entre ceux qui ont suivi l’ITB hier et ceux qui y sont aujourd’hui, la différence est très importante, précise Renée Schlauder. C’est presque un virage à 360 degrés pour les « anciens”. Mais on forme des managers, des gens qui, tous les jours, dans le cadre de leur travail, vont avoir des problématiques à résoudre. Ces managers, ils devront avoir acquis des données de base pour pou- voir s’en libérer et participer pleinement à une journée de construction ». Le but, on le comprend, est de former des gens agiles, souples dans leurs fonctionnements, capables de s’adapter rapidement.

NOUVEAUX FONCTIONNEMENTS

Les étudiants sont parfois mis en situation à travers des jeux de rôle, ou confrontés à un cas concret pour lequel il faut trouver une solution. À Dijon, les journées de cours se divisent ainsi en plusieurs activités (jusqu’à huit par jour). Les formateurs (des professionnels de la banque) sont là pour écouter les résultats du travail mené par chaque groupe, et donner un avis en prenant comme référence leur propre expérience. Cette nouvelle approche pédagogique permet aussi de faire émerger de nouveaux fonctionnements. À titre d’exemple, le diplôme Centre d’études supérieures de la banque (CESB) Gestion de patrimoine a, lui aussi, fait l’objet d’une réécriture récente. Là encore, des travaux collaboratifs sont proposés autour de plusieurs cas concrets. Autour d’un même cas, plusieurs solutions peuvent être proposées et la meilleure d’entre-elles est mise sur le campus numérique et peut servir aux étudiants de toute la France. « On sort véritablement d’un apprentissage figé, descendant, où les solutions sont toutes trouvées » souligne la déléguée régionale. Le CFPB a également intégré à ses formations un pass omnicanal : grâce à des lunettes de réalité virtuelle, l’apprenant est plongé dans une agence bancaire en 3D. Il apprend à identifier les besoins transactionnels et émotionnels des clients. Via un serious game sur tablette, le participant joue le rôle d’un conseiller confronté à une série de choix. Une jauge permet de mesurer l’impact sur le client de chaque décision du conseiller bancaire (confiance, crédibilité, émotion…).

Anne Chaineaux est responsable du pôle Banque privée chez LCL pour la Bourgogne Franche-Comté. Elle intervient comme formatrice au sein du CFPB. Le jour où nous l’avons rencontrée, elle animait un cours consacré à la transmission de patrimoine. « Nous avons vu les aspect liés à la donation, à la succession, sur des plans d’abord théoriques puis par le biais d’exercices réalisés en groupe sur des cas très concrets : par exemple, des droits de succession à payer pour des bénéficiaires d’une assurance-vie ». Au programme également : une étude de cas avec un jeu de rôle, l’un des élèves devant jouer le client et l’autre, le conseiller. On aborde à la fois les question de calcul, mais aussi la bonne posture à adopter pour le conseiller. « Travailler en groupe sur ce genre de problématique nous aide beaucoup, confie Pauline, l’une des étudiantes en licence présentes, qui sort d’un BTS Banque en alternance, parce qu’on vient tous d’univers différents. On peut se compléter dans la réflexion, on génère des points de vue différents, c’est beaucoup plus stimulant. Il y a aussi un peu de compétition entre les groupes, c’est positif ».