À Léguevin, une tuile 100 % locale

L’usine est implantée à proximité de la carrière d’argile de Lengel qui s’étend sur 36 hectares à Léguevin. Comme en pâtisserie, il faut plusieurs ingrédients pour fabriquer une tuile. Entrent dans la composition 70 % d’argile et 30 % de sable. Plusieurs carrières aux alentours approvisionnent l’usine en argile de compositions différentes. Les opérations d’extraction, homogénéisation et de mélange des argiles en carrière sont effectuées en extérieur et confiées en sous- traitance à des entreprises de travaux publics. L’extraction est programmée entre mai et fin juillet, à une période où les terrains sont plus praticables. Deux bassins en cascade de décantation récupèrent les eaux pluviales et celles de l’usine. Les pistes de la carrière sont arrosées régulièrement pour éviter la poussière. Des tas dits « d’homogénéisation » sont recréés à base de couches d’argiles différentes et de sable superposées comme un millefeuille. Ces tas sont formés en vue de la production de tuile l’année suivante.

Sur son site de l’ouest toulousain, le groupe Edilians a réalisé de lourds investissements afin de le doter d’un système à la pointe de la technologie. En parallèle, l’industriel poursuit sa montée en gamme avec notamment le lancement de sa nouvelle tuile Médiane Réno Gélis, inspirée de son modèle historique.

Fondée en 1980 par la famille Gélis, l’usine de Léguevin – autrefois une briqueterie – appartient depuis 2018 à Edilians, le leader français de la tuile de terre cuite. Il possède un site industriel au Portugal et 14 en France dont celui situé à une dizaine de kilomètres à l’ouest de Toulouse sur un terrain de 6,5 ha. Propriété d’Imerys Toiture jusqu’en 2018, l’usine a en effet été rachetée par les fonds d’investissement Lone Star pour devenir Edilians. II emploie 68 personnes pour une centaine d’emplois indirects. Depuis 2017, le site a initié un plan de financement ambitieux pour améliorer l’outil de production. Jusqu’à aujourd’hui, 7 M€ont ainsi été investis. Quatre modèles de tuiles à emboîtement fortement galbées sous l’appellation terroir Gélis, disponibles en 12 coloris sont fabriqués ici à base d’argiles locales pour un marché qui s’étend de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur en passant par l’Occitanie jusqu’en Aquitaine. Les tuiles sont vendues à des négociants en matériaux qui travaillent directement avec des couvreurs.

Au sein du groupe Edilians, le site de Léguevin a la plus faible consommation en gaz par tonne produite et a pour projet l’obtention de la certification Énergie Iso 50 001 d’ici 2023. La réserve d’argile est estimée à 50 ans. 12 ans sont nécessaires pour ouvrir une nouvelle carrière.

Textes et photos: Lydie Lecarpentier

Une fois l’argile acheminée dans l’usine par pelleteuse, commence le préboyage pour affiner le grain d’argile dans une série de quatre lamineurs. Des tapis transportent les mélanges argileux vers un malaxeur pour faire un complément d’humidité. L’ensemble est ensuite mis sous vide pour éviter les bulles d’air dans la pâte puis extrudé au travers de la filière qui forme le pain de terre, lequel est coupé en galettes. Convoyées vers les presses, ces galettes passent à leur tour dans des moules pour former des tuiles crues dites « vertes ». Elles sont positionnées sur des claies puis séchées.

Pascal Casanova est le président d’Edilians depuis début 2020.

La capacité de production représente 6 000 m2 de toiture par jour soit 50 maisons. Edilians propose à son catalogue une nouvelle tuile en terre cuite, Médiane Réno Gélis, adaptée à la rénovation, un secteur en plein boom sur lequel surfe aussi le groupe. Le marché des toitures bénéficie en effet d’une hausse de 20 % due à des habitudes de vie qui changent depuis le confinement. L’engobage est la phase de coloration de surface à base d’engobe d’argile ou de composés minéraux avant l’empilage des tuiles sur des wagons qui traverseront le four tunnel pendant la cuisson.

L’impressionnant four de 160 m de long fonctionne 24 heures sur 24. Il peut atteindre des températures de 1 000°. Quatre jours sont nécessaires pour la fabrication d’une tuile entre le moulage et la sortie du four. La zone de palettisation a récemment fait l’objet d’un investissement en vue de sa modernisation, avec l’achat de robots pour la manutention des tuiles. En fin de cuisson, les produits sont dépilés pour être contrôlés puis dressés en palettes. Celles-ci sont stockées à quai en attendant le retour du service qualité avant la mise à la vente. Un laboratoire teste et valide quotidiennement la production de la veille. Chaque palette correspond à un seul modèle et une seule couleur. Moins de deux mois et demi de stock attendent à l’extérieur pour être livrés chez les négociants.