Martine JulienÀ l’école de la formation

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Cette ancienne conseillère pédagogique à la CCI de Montauban et de Tarn-et-Garonne a lancé le Comptoir de la formation en 2018. Elle milite pour un apprentissage personnalisé et participatif.

À son compte depuis un an à peine, Martine Julien ne fait pas partie de ceux qui démarrent doucement. Créatrice et gérante du Comptoir de la formation – référencé dans le catalogue de Pôle emploi après seulement quelques mois d’exercice –, elle multiplie les participations à divers projets. Un début d’activité chronophage, énergivore. « J’avais le réseau, j’ai eu plein d’opportunités », s’excuse-t-elle presque. Ce départ en trombe témoigne de son enthousiasme à pouvoir enfin mettre en pratique ses convictions, à savoir appliquer ses propres méthodes d’enseignement évolutives, personnalisées, participatives, tournées vers l’humain et le virtuel en même temps.

Apprendre et transmettre, ce sont des goûts que la dirigeante du Comptoir de la formation a développés très jeune. Dès 16 ans, elle commence à donner des cours de soutien scolaire à des collégiens. Elle poursuit cette activité bénévole pendant plusieurs années et accompagne des élèves du primaire à la terminale. Elle ne se tourne pas pour autant vers l’enseignement, et s’inscrit en BTS action commerciale à Montauban, ville où elle est née et a grandi. Suit un diplôme universitaire dans le domaine de l’environnement avant l’entrée dans la vie active. « J’ai commencé à travailler pour le service documentaire d’un centre hospitalier. Mais je ne suis pas administrative dans l’âme : j’aime monter des projets. Cela a duré un an, puis j’ai bossé un peu dans le privé. C’est une époque où je me cherchais »

Trois ans après avoir été diplômée, Martine Julien intègre la Chambre de commerce et d’industrie de Montauban et de Tarn-et-Garonne. Elle participe à la création de l’organisme de formation de la CCI. La future spécialiste de l’apprentissage ne le sait pas encore, mais elle vient de trouver sa voie. Son job est de monter des formations en alternance, dans la métallurgie ou les ressources humaines. « Je m’occupais de la partie ingénierie financière et pédagogique », détaille-t-elle. Sa fonction officielle est « conseillère pédagogique ». La première formation créée n’est pas diplômante, mais peu à peu, les filières sont sanctionnées par des diplômes universitaires. Aujourd’hui, les formations lancées par la chambre consulaire sont réputées et ouvrent les portes du monde du travail. « Ce qui m’a plu à la CCI, c’est qu’il y avait beaucoup de choses à construire et que ce que l’on a mis en place répondait à des besoins locaux. »

Martine Julien aime transmettre, permettre aux autres d’acquérir des compétences et des savoir-faire, mais elle aime aussi apprendre elle-même. Alors qu’elle est salariée de la CCI, elle obtient une licence administration économique et sociale grâce à la validation des acquis de l’expérience (VAE) puis un diplôme universitaire tourné vers la digitalisation, à Rennes en 2015. Cette expérience bretonne va marquer un tournant. Elle y rencontre des spécialistes en digital learning comme Sylvain Vacaresse, l’un de ses enseignants, qui va fortement influencer sa vision de la transmission des savoirs. Celle qui n’est pas encore la dirigeante du Comptoir de la formation fait forte impression par son engagement, son expérience et sa manière de concevoir l’apprentissage. « Quelques professeurs m’ont proposé d’intervenir en master 2. Cela m’a fait prendre conscience de mes compétences, ça a été un révélateur. » Quatre ans après, elle y dispense toujours un cours de législation de la formation.

De retour à la CCI, Martine Julien veut faire évoluer les méthodes vers plus d’autonomisation des stagiaires, de personnalisation des contenus et de souplesse dans la forme des cours avec le développement du virtuel. Mais sa vision ne convainc pas. Lassée et frustrée, en 2018, après 22 ans en tant que conseillère pédagogique, elle remet sa démission. « Le projet de créer ma structure me trottait dans la tête depuis un petit bout de temps. Mes parents étaient commerçants. Être à son compte, j’ai un peu été élevée comme ça. Et puis au même moment, il y a eu un changement managérial et les épreuves de la vie. La décision de me lancer était un mélange de plusieurs choses. »

Un an après sa création, le Comptoir de la formation propose des enseignements sur-mesure, dont le contenu s’adapte aux besoins des clients, avec des outils pédagogiques variés. Les domaines d’action sont diversifiés : petite enfance, métallurgie ou encore management. Différents profils d’apprenants sont visés : créateurs d’entreprises, dirigeants de sociétés, demandeurs d’emploi. Martine Julien s’occupe de la relation avec les clients, de la coordination des formateurs et des démarches pour obtenir des certifications. « Cela demande beaucoup de temps, et beaucoup de travail de mise en place. » Son entreprise est par ailleurs actionnaire du Skillbar, une plateforme digitale d’expérimentation sur les méthodes et les outils d’enseignement lancée avec ses anciens profs de l’université de Rennes. Martine Julien est sur tous les fronts : elle s’occupe aussi de l’école des talents, qui aide ses clients à développer leurs compétences, elle intervient pour le compte d’une structure basée à Limoges qui enseigne le travail à distance, et a même fait un voyage en Pologne cet été pour former des formateurs sur un projet Erasmus.

« Je crois que la formation ne doit pas être descendante, c’est-à-dire du prof vers l’élève. Les enseignants doivent être des facilitateurs, c’est important de permettre aux gens de créer. Les apprenants doivent être acteurs de leur apprentissage, c’est mon leit-motiv. » À 48 ans, Martine Julien vit un âge d’or professionnel : elle ne travaille pas, elle exerce sa passion.

Parcours

1971 Naissance à Montauban.
1987 Dès l'âge de 16 ans, passionnée par l'enseignement, elle commence à donner des cours de soutien scolaire.
1992 Valide un BTS action commerciale.
1994 Obtient un diplôme universitaire dans le domaine de l'environnement.
1995 Travaille au service documentaire d'un centre hispitalier pendant un an puis occupe divers postes dans le privé.
1997 Entre à la CCI de Montauban et de Tarn-et-Graonne et œuvre à la mise en place d'un organisme de formation.
2015 Obtient un diplôme universitaire dans le domaine de la digitalisation. À l'issue de sa formation, des enseignants la sollicitent pour intervenir en master 2.
2018 Quitte son poste de conseillère pédagogique à la CCI pour lancer sa structure, le Comptoir de la Formation.
2019 Avec des enseignants de l'université de Rennes, elle lance le Skillbar, un Fablab pour échanger et expérimenter des outils d'enseignement et de formation.