Thierry FischesserÀ la poursuite d’un nouveau Graal

Thierry Fischesser dans les locaux de sa discothèque L’Alegra, à Châlons.

Le patron de la discothèque L’Alegra à Châlons porte le projet, un peu fou mais soigneusement réfléchi, de créer un parc médiéval et fantastique à Sainte-Ménehould en 2022.

Investir 21 M€ de fonds privés pour créer un parc médiéval et fantastique au cœur de la forêt d’Argonne, voici le rêve que porte Thierry Fischesser depuis 2012. Après avoir obtenu le soutien de la Ville de Sainte-Ménehould et fait réaliser diverses études, il entre dans la dernière ligne droite avec le lancement d’une étude d’impact environnemental en avril 2018 puis le dépôt du permis de construire au mois de septembre. Au printemps 2019, les feux devraient donc être au vert pour permettre un début des travaux à l’automne 2019 et une ouverture du parc en avril 2022.

S’il reconnaît que ce projet, porté avec son épouse Élodie, peut paraître un peu fou, Thierry Fischesser l’a finement réfléchi, étudié et affiné au fil des ans. Le patron de la discothèque L’Alegra (Châlons-en-Champagne) assure que son rêve n’a rien d’une utopie et rappelle qu’il a déjà concrétisé son premier rêve d’enfant.

DE L’ÉLEVAGE AUX PLATINES

Issu d’une famille d’agriculteurs dans la Meuse, il a clamé dès l’âge de dix ans son envie de devenir DJ et d’avoir sa propre boîte de nuit, même sans savoir vraiment en quoi consistait cette activité à l’époque. « À 18 ans, je suis devenu DJ et j’exerçais ce métier par passion le week-end en plus de mon activité agricole (de l’élevage) la semaine », se souvient celui qui a d’abord souhaité reprendre une discothèque à Sainte-Ménehould avant de finalement en ouvrir une (La Croisette, 400 places) en 1992 à Courtisols (Marne). « En 1995, j’ai choisi de ne pas reprendre l’exploitation agricole en raison de la distance (180 km) et de ma volonté d’ouvrir une deuxième discothèque à Châlons (Le Paradisio, 1 500 places), qui faisait aussi bowling et karaoké ».

CRÉATION DE L’ALEGRA

Thierry Fischesser gère les deux établissements pendant quelques années avant de se lancer dans un grand projet de se concentrer dans la création d’une seule discothèque. Après trois ans de travaux, L’Alegra ouvre en 2006. « Nous sommes parmi les plus grandes discothèques de France et nous pouvons accueillir 3 000 personnes par soirée, avec une zone de chalandise de 200 km », indique celui qui estime que le succès provient des dix espaces proposés au public avec six ambiances musicales différentes, un karaoké, un restaurant, une boutique et des terrasses. « Nos clients aiment sortir en groupe et tout le monde peut trouver une musique qui lui plaît ». Au-delà de sa passion pour l’événementiel et le contact humain, le dirigeant souligne qu’il s’agit d’une véritable entreprise avec 55 salariés et 12 intermittents et auto-entrepreneurs. « L’Alegra est toujours en travaux car nous apportons sans cesse des nouveautés », ajoute-t-il.

Pleinement investi dans son métier, le chef d’entreprise a toutefois commencé progressivement à imaginer une nouvelle aventure en parallèle. « En tant que passionné de l’univers médiéval et du fantastique, j’ai déjà failli racheter deux châteaux. Comme cela n’a pas pu se faire et comme j’aime aussi le cinéma et les parcs d’attraction, j’ai décidé de chercher un site atypique pour construire un projet ». C’est en discutant en 2015 avec le maire de Sainte-Ménehould, Bertrand Courot, que Le Bois du Roy va commencer à prendre forme, la collectivité s’étant engagée à fournir le terrain et à prendre en charge les différents réseaux du projet.

CRÉER UN PARC LUDIQUE ET SPECTACULAIRE

En s’inspirant en toute humilité de la référence en la matière, Le Puy du Fou, qu’il connaît parfaitement, Thierry Fischesser imagine alors un parc valorisant l’histoire champardennaise et l’univers fantastique (elfes, trolls, sorcières, dragons…) à travers de nombreux spectacles (chevalerie, fauconnerie, sons et lumières sur des lacs, comédie musicale…), des animations (ferme, espace animalier, petits jeux pour enfants…), la construction d’un château fort, etc. « Les attractions qui reposent sur l’adrénaline s’essoufflent. Le public réclame du spectacle vivant et de pouvoir passer du temps en famille », observe-t-il. Et en ajoutant du fantastique au médiéval, il sait aussi – avec le succès du Seigneur des anneaux, d’Harry Potter ou de Game of Thrones – qu’il fera mouche auprès des visiteurs.

Les différentes études obligatoires ont débuté en 2016 et ont été rendues en avril 2018, ce qui a permis de lancer l’étude d’impact dont les conclusions sont attendues au printemps 2019, simultanément avec l’obtention du permis de construire qui sera déposé au mois de septembre. Bien que submergé de démarches administratives et avec un agenda déjà bien rempli avec L’Alegra, Thierry Fischesser franchit les marches les unes après les autres, concentré sur son objectif. « Nous allons commencer par occuper 25 des 67 hectares et nous n’aurons pas d’hébergement dans le parc lors de l’ouverture », concède-t-il car son projet pèse déjà 21 M€ d’investissements privés pour un coût global de 30 M€. « Les aides publiques (État, Europe, Région et collectivités locales) vont représenter 20 % du financement. Nous sommes soutenus par la Caisse des Dépôts et bpi france », détaille-t-il en insistant sur l’importance du projet pour le territoire : « Nous allons créer 500 emplois directs et nous estimons que chaque emploi va générer 3 emplois indirects, des projets d’hôtels et de gîtes sont notamment en cours. Chaque euro du chiffre d’affaires du parc générera 3 euros de retombées économiques locales (soit 30M€ par an) ».

350 000 VISITEURS PAR AN

Les travaux doivent débuter à l’automne 2019 et il dureront vingt-cinq mois. Le Bois du Roy pourra alors accueillir au moins 350 000 visiteurs par an. « Je me base sur la même zone de chalandise que pour L’Alegra et je m’appuie sur mon expérience dans la gestion de spectacles vivants. Tous les scénarios sont déjà prêts et nous pouvons maintenant commencer à présenter le parc au public ». Et quel meilleur endroit que la Foire de Châlons pour le faire ? Déjà présent depuis plusieurs années avec un stand de sa discothèque, Thierry Fischesser l’est en plus depuis deux ans également avec la bannière du Bois du Roy (pour la petite histoire, il s’agissait au XVIIIe siècle du nom de la parcelle sur laquelle sera construire le parc) : « Je veux présenter le parc, montrer des vidéos 3D pour commencer à donner envie d’y venir. Nous irons ensuite sur d’autres foires et salons du Grand Est ». Pour lui, c’est aussi l’occasion de rappeler qu’il est un entrepreneur local attaché au territoire afin de rassurer la population alors que les enquêtes publiques ont débuté mi-août.

Son Graal, il prévoit de l’atteindre en avril 2022, date prévue de l’ouverture du Bois du Roy. Sa quête ne sera pas finie pour autant puisque le développement du parc est déjà imaginé jusqu’à l’horizon 2032.

Parcours

1965 Naissance à Verdun le 2 octobre.
1983 Devient DJ jusqu'à la création de sa première discothèque en 1995.
2006 Création de L'Alegra, à Châlons.
2018 Réceptions des premières études, lancement de l'étude d'impact et dépôt du permis de construire.
2022 Ouverture prévue du parc "Le Bois du Roy" en avril à Sainte-Ménéhould.