À Donzy, Guy de Jean enchante sous la pluie

À Donzy Chantal Thomass et Jean-Paul Gaultier font les beaux jours de l’un des derniers fabricants de parapluie Made in France.

En affichant les noms de Jean-Paul Gaulthier et Chantal Thomass dans leur collection, les parapluies Guy de Jean à Donzy affichent la couleur : nous sommes dans la haute-couture du « péplard ». Une excellence de la production française qui fête cette année son siècle d’existence, ponctué par des histoires de rencontres entre des hommes et des femmes. C’est au milieu du vingtième siècle qu’un jeune styliste, Guy de Jean – père de l’actuel PDG Pierre de Jean – rencontre deux femmes : Christiane et sa tante Agathe, fabricante d’ombrelles et de parapluies depuis 1920 dans une boutique de la rue Greneta à Paris. Le jeune homme va alors épouser la nièce, se passionner pour les parapluies de tante Agathe et s’installer au début des années 1960 à Donzy, dans le village natal de Christiane où il développe l’entreprise. À la tête de l’entreprise familiale en 1990, son fils Pierre et sa femme Catherine vont alors réaliser deux coups de maître. Demander à deux jeunes stylistes presque inconnus, Jean-Paul Gaultier et Chantal Thomass de créer chacun une collection et développer le marché à l’international. Un flair payant puisque si aujourd’hui le marché français du parapluie représente entre cinq et six millions d’articles achetés par an, en grande partie de fabrication chinoise, le Made in France de Guy de Jean a su s’imposer entre autres, sur le marché nippon qui représente, lui, 110 à 120 millions de parapluies et ombrelles chaque année.

Aujourd’hui labellisée Entreprise du patrimoine vivant, les deux stylistes devenus des pontes, la manufacture continue de créer deux collections par an, sur le même rythme que la Haute-Couture et d’exporter à travers le monde 40.000 parapluies de 50 à 100 modèles différents estampillés Made in France. Entièrement fabriqués à la main à partir de produits nobles : soie, racines de hêtre de châtaignier ou d’érable, chaque parapluie exige entre une heure et une heure-trente de fabrication et l’intervention de sept personnes.

En élargissant sa gamme vers les parapluies publicitaires ou articles-cadeaux et le sur-mesure, la société nivernaise est l’une des dernières sur le marché français à maintenir une production manu- facturée et locale. Dernières innovations en date, le lancement en 2019 de la marque « Le parapluie français », qui décline sous différentes formes nos couleurs nationales mais aussi nos motifs frenchies comme le pois ou les images d’Épinal du Paris de la Belle-époque, ou l’indispensable masque en passe de devenir un article de mode.