8 000 PGE accordés soit 25 % des prêts alloués en région

Alain Condaminas, directeur de la Banque Populaire Occitane.

La Banque Populaire Occitane dresse le bilan des neufs premiers mois de l’année, un tableau moins noir que prévu.

S ix mois après le début de la pandémie, la Banque Populaire Occitane a dressé un premier bilan de ses actions, lors d’une conférence de presse le 15 octobre dernier. Un tableau pas aussi noir qu’attendu. « Bien que nous vivions une récession jamais vue, supérieure à celle de 2008 et sans doute à celle de 1929, la différence avec les crises précédentes, c’est que les banques, cette fois, font partie des solutions », relève Alain Condaminas, directeur de la Banque Populaire Occitane. Afin d’apporter un peu d’oxygène aux entreprises dès le début de la période de confinement, la banque mutualiste a accordé « 28 000 reports d’échéance de prêt à six mois ».

En marge, l’établissement dispatché sur l’ensemble du territoire régional, et qui représente un fort taux de pénétration auprès des entreprises, a été le premier à mettre en place le dispositif du PGE, afin d’assurer la survie des entreprises, l’objectif de cette mesure exceptionnelle étant d’éviter les faillites en cascade de structures dont la trésorerie est fortement menacée. 8 000 prêts ont ainsi été accordés pour un montant global de 1 Md€, soit 25 % des PGE alloués sur l’ensemble de l’Occitanie. 65% des dossiers proviennent des départements de la Haute-Garonne, du Tarn et du Lot-et-Garonne et visent sans surprise le secteur du commerce à hauteur de 26 % et ceux ex aequo, des cafés, hôtels, restaurants et du BTP qui avoisinent 16 %. Cependant, le banquier use de la métaphore pour démontrer la réalité de sa situation : « Lors du confinement, on a vécu un incendie violent et destructeur. Pour l’éteindre, nous avons noyé les entreprises sous de la trésorerie. Mais les dégâts des eaux se préparent car il va falloir rembourser », avant de rappeler que les PGE « ne sont pas des subventions ».

Quid d’une deuxième vague éventuelle de PGE ? « Les entreprises peuvent demander plusieurs tranches, dans la limite du cadre fixé mais elles doivent rester vigilantes quant à leur capacité de remboursement. »

15 % DES ENTREPRISES EN DIFFICULTÉ POUR REMBOURSER LE PGE

Afin de se prémunir contre des dégâts inévitables, la banque, qui a mobilisé plus de 500 collaborateurs pour le traitement des PGE, met en place des indicateurs qui permettront de déceler en amont les difficultés des entreprises à rembourser le prêt. En effet, au sein de l’établissement, trois quarts des encours de PGE sont portés par des entreprises qui ont une capacité de remboursement satisfaisant ou un risque modéré et 10 % par des entreprises à risque. L’inquiétude se porte vers les 15 % restant à savoir des entreprises qui présenteront de lourdes difficultés à rembourser la dette. « Il ne s’agit que de 15 %, nuance toutefois Alain Condaminas. Ce sont des entreprises pour la majorité de taille restreinte qui, avant la crise, étaient viables mais qui n’ont pas eu la capacité financière suffisante pour supporter un arrêt d’activité ou ralentissement trop longtemps. Le PGE a permis d’éviter des faillites brutales ». Pour ces dernières, des solutions sont en cours d’élaboration par les pouvoirs publics, les collectivités et les organismes financiers afin de les aider à rembourser. L’établissement planche également sur les modalités de restructuration de la dette pour toutes les entreprises y compris les plus petites, lesquelles sont notamment les plus touchées par la crise.

Au niveau du tissu économique régional, la banque note pour l’heure « très peu de défaillances, beaucoup moins qu’une année normale, ce qui est paradoxal dans un climat pourtant tendu ».

Sur les neufs premiers mois de l’année, la banque affiche un coût du risque (non remboursement de crédit, etc.) nul, du jamais vu. Par ailleurs, les investissements dans les équipements des entreprises n’ont pas fléchi, restant pour les neufs premiers mois de l’année au même niveau qu’en 2019, soit un montant de l’ordre du milliard d’euros. En outre, les encours des comptes courants des entreprises ont progressé de 43 %. « Au niveau national, 60 à 70 % des PGE sont restés sur les comptes. Nos chiffres confirment cette estimation. Il y a donc de la trésorerie », explique le directeur qui se veut rassurant.

Si certains secteurs restent fortement marqués par les effets de la crise, comme l’a indiqué de son côté une étude de la Banque de France « l’industrie et l’aéronautique ont une nouvelle fois reculé, l’activité hôtelière chute de façon prononcée et le BTP reste dynamique mais avec des carnets de commandes qui peinent à se reconstituer », d’autres secteurs relèvent la tête et sont porteurs tels que la croissance verte, un des vecteurs de la relance, dans lequel la Banque Populaire Occitane est particulièrement impliquée.