Des entreprises ardennaises s’associent pour investir dans une machine de fabrication additive utilisant du sable.
«C’est historique », déclare Nicolas Grosdidier, président du comité local Ardennes de l’UIMM, en évoquant la naissance de la société de production 3D Métal Industrie, fondée par six fonderies ardennaises. La Fonte Ardennaise ( Vrigne, Vivier-au-Court, Haybes), la Fonderie Béroudiaux (filiale du groupe Bouhyer implantée à Revin), les Fonderies Vignon (Haraucourt) , les Fonderies Nicolas (Nouzonville), la Fonderie Rollinger (Nouvion-sur-Meuse) et la Fonderie Rocroyenne d’Aluminium créent, avec le bureau d’études RM technologies (Signy- l’Abbaye) et la Fédération de la Métallurgie, une société qui va investir 1,2 M€ dans l’acquisition d’une machine d’impression 3D sable. Objectif : fabriquer des moules et des noyaux de sable et créer un pôle d’ingénierie spécialisé dans la conception. 3D Métal Industrie utilisera une machine qui pourra produire des moules allant jusqu’à des dimensions (longueur, largueur, hauteur) de 180x100x70 cm.
HUIT PARTENAIRES, DIX ACTIONNAIRES
Cette SAS au capital de 440 000 euros (165 000 euros des partenaires associés et 275 000 euros émanant de dix actionnaires privés) a nécessité dix mois de gestation. « Il a fallu trouver l’idée, les hommes et les fonds. Ce projet a une pertinence économique et un intérêt industriel. Après des expérimentations à Platinium 3D, la profession s’est décidée à franchir le pas de l’industrialisation », souligne Nicolas Grosdidier. Présidée par Renaud Mignolet, créateur de RM Technologies, 3D Métal Industrie est pilotée par une holding financière (Cap Invest 08) regroupant les dix actionnaires majoritairement ardennais soucieux du développement de leur territoire et qui ont mobilisé des fonds privés pour accompagner une structure qui s’inscrit dans l’industrie du futur et marque une véritable rupture technologique avec les procédés traditionnels.
« Cette technologie révolutionne la fonderie et permet de fabriquer vite et mieux plusieurs pièces de fonderie dans différents alliages et sans coût d’outillage. On va ainsi s’offrir des perspectives de diversification sur des marchés à forte valeur ajoutée tout en permettant aux entreprises associées d’être plus compétitives, performantes et réactives. Elles réaliseront aussi des économies de transport. Il y a beaucoup d’opportunités que ce soit dans la fabrication de pièces nouvelles ou très complexes comme dans l’after market, c’est-à-dire la refabrication de pièces anciennes dont les outillages ne sont plus en bon état et pour lesquelles les fournisseurs n’existent plus », explique Renaud Mignolet qui espère décrocher des marchés conséquents avec les usineurs et des secteurs comme l’automobile, le poids lourd et le ferroviaire.
EN MAI À CHARLEVILLE
3D Métal Industrie s’installera en mai 2019 sur le Parc d’activités du Val-de-Vence à Charleville-Mézières dans deux bâtiments loués par Pro-teame, société d’économie mixte d’aménagement. La machine 3D sable y sera implantée en juin. « Avec ce concept, on est dans l’économie de demain, l’objectif est d’atteindre un chiffre d’affaires d’1 M€ d’ici cinq ans et c’est largement réalisable », estime Nicolas Grosdidier, patron de la Fonte Ardennaise, une des sept entreprises partenaires. « Cette création prouve que les investissements réalisées sur la plateforme Platinium 3D en valaient la peine », ajoute Lionel Vuibert, délégué général de l’IUMM). Déjà considérée comme le couteau suisse de la métallurgie, l’industrie ardennaise dispose désormais d’un nouvel atout.
Platinium 3D en mutation
Durant sa phase expérimentale de trois ans, Platinium 3D de Charleville-Mézières (3,2 M€ de budget) a profité d’aides des collectivités territoriales. Le site a rempli sa mission en collaborant avec une cinquantaine d’entreprises locales et la plupart des gros groupes industriels français. Il a multiplié les essais et les signatures de contrats, mais Platinium 3D arrive à un tournant de son existence. En raison de soutiens financiers qui vont désormais aller en diminuant, il lui faut opérer une mutation qui passera par la constitution d’une structure juridique dédiée à la recherche et au transfert de technologies et apte à trouver de nouveaux subsides. A savoir : dénicher des prestations de services pour développer du business et continuer de façon régulière à effectuer des investissements. Dans ce contexte, la récente annonce faite le 15 mars à la Préfecture des Ardennes par Sébastien Lecornu, ministre chargé des Collectivités, d’apporter un soutien à cet outil de haute technologie « projet phare du Pacte Ardennes 2022 » pourrait représenter une opportunité intéressante. D’autant qu’à un possible fléchage de crédits devraient s’ajouter des fonds Feder pour un montant de 1,3 M€ et probablement des aides de la Région Grand Est et d’Ardennes Métropole. De quoi donner satisfaction aux différents organismes impliqués (UIMM, Université de Reims Champagne-Ardenne, Campus des métiers et des qualifications, Pole formation des industries technologiques) ainsi qu’aux trois ingénieurs salariés et aux élèves des deux premières années de l’école d’ingénieurs en procédés industriels innovants en matériaux et mécanique.