30 M€ à investir pour la méthanisation ardennaise

Les futurs méthaniseurs ardennais ressembleront au site Agrif'yls Énergie de Chaumont (Haute-Marne). (Droits réservés)

Les Ardennes comptent douze méthaniseurs et près de quarante projets sont en gestation sur le territoire. Dans le cadre du Pacte Ardennes 2022, le département s’apprête à passer la vitesse supérieure dans ce domaine.

Dans le cadre du Pacte Ardennes 2022, l’État, les collectivités et les opérateurs gaziers (GRDF et GRTGAZ) vont rassembler leurs forces pour que ce département devienne territoire expérimentateur du développement du biométhane. L’ambition affichée est d’atteindre 80 méthaniseurs, ce qui nécessite de développer jusqu’à 325 kilomètres de réseaux gaz au cours des prochaines années.

Édouard Sauvage, directeur général de GRDF, principal gestionnaire du réseau de distribution de gaz naturel, estime à 30 millions d’euros les investissements à opérer sur les réseaux gaziers ardennais pour atteindre cette trajectoire, promouvoir la filière biométhane et accélérer ainsi la pénétration de gaz renouvelable dans le mix du réseau ardennais.

Pour accélérer le processus et aider les agriculteurs à investir dans des unités de méthanisation, l’opérateur gazier entend, avec l’aide de toutes les parties prenantes, coconstruire les futurs réseaux et aider à l’installation de nouvelles unités de méthanisation proches du gisement agricole mobilisable. Jusqu’alors brûlé pour produire de l’électricité ou de la chaleur, le gaz issu de la fermentation du lisier agricole serait désormais directement injecté dans le réseau de gaz naturel. C’est en tout cas ce qui est proposé aux agriculteurs ardennais qui pourront stabiliser aussi leurs revenus et diversifier leurs activités.

200 À 400 EMPLOIS DIRECTS ET INDIRECTS

Des canalisations supplémentaires seront raccordées aux futurs méthaniseurs de manière à leur permettre de réinjecter leur biogaz dans les réseaux de gaz naturel opérés par GRDF. Ce programme s’étalera sur trois ou quatre ans inclut aussi l’implantation de rebours et des compresseurs permettant de faire remonter le gaz non consommé dans les circuits de distribution plus importants et donc de stocker l’énergie. Pour mettre en route ce dossier sur des secteurs situés sur l’axe Charleville-Mézières-Sedan, le sud des Ardennes, la Thiérache et la Pointe des Ardennes, une société d’économie mixte sera créée avec la Région, la Caisse des Dépôts et les intercommunalités avec un capital de départ de 5 millions d’euros.

« Il s’agit là d’une action majeure, innovante et structurante pour l’avenir du département. Ce sont 200 à 400 emplois directs et indirects, un maintien de l’activité agricole, la valorisation des déchets locaux et un développement de l’économie circulaire avec l’utilisation du Bio Gaz Naturel Véhicule qui sont en jeu », annonce Alexandre Ducruet, directeur territorial GRDF dans les Ardennes.

FAIRE UN ÉTAT DES LIEUX

Actuellement, les règles technico-économiques ne sont pas encore définies sur les aides accordées aux porteurs de projets et la filière méthanisation est en attente du décret portant sur le Droit à l’Injection voté dans la loi EGALIM.

Un appel à manifestation d’intérêt sur la méthanisation, lancé par les services de l’État permettra de nouer des contacts avec les volontaires. Une vingtaine de projets a d’ores et déjà été identifié. Dix sont susceptibles d’être mis en service, soit 10% de la consommation en gaz des Ardennes. Actuellement, dans ce département, les méthaniseurs en service fonctionnent en cogénération. Aucun en injection n’est en service comme c’est pourtant déjà le cas ailleurs en Champagne Ardenne à Chaumont (Haute- Marne), Mery-sur-Seine, Thennelières et Barberey (Aube) et Cernay-lès-Reims (Marne). Le premier méthaniseur ardennais qui injectera directement sa production est programmé pour fin 2019.

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