280 M€ de perte pour le secteur de la betterave en 2020

Pour la Confédération Générale des planteurs de Betteraves (CGB) l’année 2020 aura été une année catastrophique avec une perte record estimée à 280 millions d’euros pour les betteraviers.

«2020 aura été une année catastrophique à bien des égards pour le secteur de la betterave », annonce Franck Sander, président de la CGB. Cette année a en effet été marquée non seulement par la crise sanitaire mais également par la jaunisse qui est arrivée très tôt dans les exploitations, conduisant à des pertes parfois chiffrées jusqu’à 50%. « La France a été le pays le plus touché de l’Union européenne. En cause, l’interdiction de l’utilisation des néonicotinoïdes (NNI) en 2018 par le gouvernement », indique Pierre Rayé, directeur général du syndicat, « combinée à un hiver particulièrement doux et une impasse technique permettant d’enrayer la propagation du puceron». Pour rappel, les NNI sont utilisés en enrobage sur la graine de la betterave, évitant l’invasion de pucerons, vecteurs de la jaunisse, maladie dévastatrice pour les récoltes. Conséquences directes : des rendements historiquement bas, estimés au maximum à 65 tonnes / ha, « en baisse de 30% par rapport à la moyenne de ces cinq dernières années », relève Franck Sander, précisant : « les exploitations de betteraves bio n’ont pas été épargnées, ni par les pucerons, ni par la jaunisse et ont, elles aussi, vu drastiquement baisser leur rendement annuel. » L’importante baisse de rendement a entrainé une baisse de revenu moyen de 700 € / ha. Ainsi, en 2013, la recette était supérieure au coût de production alors qu’en 2020, la tendance s’est totalement inversée (voir illustration ci-dessus).

Face à la multiplication de ces aléas, les surfaces de production sont en baisse. 421 000 hectares en 2020 contre 445 000 en 2019 (-5,4%). En 2020, ce sont donc 27 millions de tonnes de betteraves qui ont été récoltées contre 37,8 millions en 2019. Cette perte sèche concerne l’ensemble de la filière : non seulement la production de sucre (baisse de 5 millions à 3,5 millions de tonnes de sucre de betteraves) mais aussi celle concernant l’éthanol, énergie en fort développement ces dernières années (baisse de 10 millions d’hectolitres à 8,5 millions d’hl en 2020). 

L’ÉTHANOL, FILIÈRE D’AVENIR

Dans le cadre de sa diversification, le débouché alcool-éthanol pour les betteraves est fondamental pour la filière. Il représentait la valorisation de 15 % des betteraves en 2015, contre 25% aujourd’hui. La consommation de bioéthanol s’inscrit ainsi dans une dynamique d’augmentation d’1Mhl par an, portée par le regain d’intérêt des automobilistes pour l’essence, et la progression du SP95-E10 et du Superéthanol-E85. Face à la catastrophe annoncée, le Gouvernement a revu sa copie durant l’été. Le 6 août, il annonçait un plan de soutien de la filière et un engagement à maintenir les surfaces et les usines, avec la mise en place d’un plan de recherche et de prévention. Le 4 novembre, le projet de loi autorisant une dérogation à l’u-tilisation des néonicotinoïdes pour trois ans, soit jusqu’en 2023 est adopté. « Aujourd’hui, l’urgence est de répondre aux besoins de trésorerie des exploitants car la perte de revenus est venue exacerber les tensions. Aujourd’hui, les exploitants ont un besoin urgent de visibilité au moment de l’achat des semences », insiste Franck Sander. La production de sucre et d’éthanol s’inscrit dans un marché mondial. Or avec la crise du Covid, la consommation mondiale a baissé de 3 millions de tonnes. Mais les regards sont aussi tournés du côté de l’Angleterre et du Brexit, le pays « étant le premier importateur avec 300 à 400 000 tonnes de sucre par an, soit 13 à 15% de la surface betteravière de l’Hexagone ».

Rayon de soleil dans le brouillard ambiant, la production d’alcool pour les gels et solutions hydroalcooliques, passant de 50 000 litres par jour avant la crise à plus de 550 000 litres/jour. « La filière est donc pleinement mobilisée pour assurer une fourniture sanitaire locale. »