250 emplois pour mettre Revin au vélo avec Mercier

Ce sera la bonne nouvelle de ce début d’année 2021. Une usine d’assemblage de vélos de la marque Mercier va être relocalisée à Revin, au prix d’un investissement de plusieurs dizaines de millions d’euros. L’information devrait être confirmée cette semaine.

Après les lave-linges Arthur-Martin et les articles sanitaires en céramique (baignoire, lavabo, toilettes) griffés Porcher, la ville de Revin va retrouver une nouvelle spécialité avec l’inattendue et prochaine installation d’une usine de fabrication de vélos sous l’emblématique marque… Mercier. Cette implantation qui surprendra plus d’un observateur s’accompagnera de 140 emplois au départ pour arriver à 250 à l’horizon 2026. Le fonds d’investissement luxembourgeois « Starship Investments SA », propriétaire de la célèbre marque de cycles française, rachetée le 11 décembre 2000 au groupe hollandais Acceil a, en effet, décidé de relocaliser en France une activité qui était jusque-là en Asie du Sud-Est.

SUR LA FRICHE PORCHER

Et c’est donc dans la vallée de la Meuse et à Revin plus précisément que le groupe engagera un investissement de plusieurs dizaines de millions d’euros pour réhabiliter d’anciens bâtiments de la friche Porcher, rue de la Céramique, dans le quartier de la Bouverie. La commune, en pleine désindustrialisation depuis les fermetures de ses deux poumons économiques – Porcher en 2011 et Electrolux en 2018 – est parvenue à hériter de ce gros lot pourtant convoité par les Hauts-de-France et la florissante « Vallée du vélo » à Agueda au Portugal, devenue grâce à cette « bike valley », le premier exportateur européen de bicyclettes.

Le Préfet des Ardennes, l’agence économique Ardennes Développement mise sur le coup par Business France, la Région Grand Est et la communauté de communes Ardennes Rives de Meuse, compétente en matière de développement économique, se sont tous mis en selle depuis quelques mois pour faire aboutir ce projet. Un travail en peloton qui a fini par payer.

Au cours des négociations, ce collectif a pu s’appuyer sur les avantages du Bassin d’Emploi à Redynamiser, la probable inscription de ce projet dans le cadre du plan France Relance et aussi sur les mesures anti-dumping instaurées par Bruxelles pour lutter contre la concurrence jugée déloyale de la Chine. Autant d’arguments qui ont favorisé la future reconversion de Revin au vélo.

UNE AUBAINE POUR REVIN

Une aubaine pour la commune qui cumulait depuis plusieurs années les handicaps : un fort taux de chômage (836 demandeurs d’emploi intra muros à la fin septembre 2020) et une population qui a dégringolé de 12 156 à 6 038 habitants au dernier recensement…

Le projet verra le jour au sein d’un parc d’activités de six hectares baptisé ActiMeuse et spécialement dédié aux PME et PLMI sur la friche industrielle Porcher. Réaménagé en 2017 par Protéame, devenu propriétaire suite à une concession signée avec la ville de Revin le 25 novembre 2015, ce site qui avait été dépollué et désamianté par l’Américain Ideal Standard a ensuite subi une profonde métamorphose suite à plusieurs déconstructions pour être réduit à 13 000 m2 de bâtiments. S’il avait gagné en attractivité, le site pourtant déjà proposé à une dizaine d’investisseurs dont un fabricant chinois de mobilier design, Cevital et Hermès restait au point mort à la seule exception de l’entreprise de découpe laser ACDL qui s’est installée ici en 2015.

Avant que les dirigeants luxembourgeois de «Starship Investments SA » soient convaincus que ce lieu soit celui du retour des vélos Mercier sur le sol français. Après l’implantation de DGF Distribution et l’annonce de l’arrivée d’Agronutris à Rethel, l’essor de l’ANTS à Charleville-Mézières et création d’une seconde maroquinerie Hermès à Tournes/Cliron, Revin va donc pédaler pour Mercier avec 250 emplois à la clé à l’horizon 2026.

UNE MARQUE MONDIALEMENT CONNUE

En tout cas, l’arrivée dans la Vallée de la Meuse d’une marque mondialement connue aura probablement un effet médiatique. Car Mercier est connu dans l’histoire populaire et sportive française après avoir connu son apogée quand elle sponsorisa une formation cycliste professionnelle, de 1933 à 1984. Fondés à Saint-Etienne en 1899 par Emile Mercier, les cycles du même nom ont connu ensuite une existence tourmentée sous les appellations S.N. Cycles Mercier, France-Loire et Mercier France-Loire avant d’être rachetés en 1991 par le fabricant néerlandais Atag, devenu plus tard Acceil, et de connaître enfin son transfert, en 2000, dans le giron de « Starship Investments SA ». Si entre temps, la Société Nouvelle des Cycles Merciers avait été radiée en 1998, Cycles France Loire continue sa production à Saint-Cyprien mais plus sous le nom de Mercier.

Revin sera donc l’endroit où cette marque plus que centenaire reviendra à ses origines françaises en espérant profiter de l’explosion actuelle de la demande en deux-roues.