2021, année de tous les projets pour ASI

ASI Group est un spécialiste de l’équipement et de l’entretien des appareils destinés aux missions de surveillance aérienne.

Le groupe ASI basé à Prunay (Marne) et spécialisé dans l’équipement d’appareils de surveillance aérienne, réalise 80% de son chiffre d’affaires à l’export.

Contrairement à d’autres activités aéronautiques mises à l’arrêt, le groupe rémois ASI a multiplié les avancées en 2020. Location d’avions, développement de projets, déploiement accéléré à l’export, renforcement de son bureau d’études… L’entreprise a profité d’un ralentissement dans certaines de ses activités pour se concentrer sur d’autres, via ses entités ASI Aviation et ASI Innovation.

Le groupe a ainsi beaucoup travaillé sur des marchés étatiques, avec plusieurs pays de l’Union européenne. « Nous avons deux années de contrat devant nous », souligne son Pdg, Jean-Pierre Kohn. Si elle a assuré un chiffre d’affaires maîtrisé malgré la crise, ASI doit néanmoins faire avec la difficulté de gestion des sous-traitants qui ont ralenti leur production, et un décalage des règlements. « Avec la crise sanitaire, tout a pris de la lourdeur et de l’inertie : signatures, mise en œuvre de la sous-traitance, paiements… tout prend plus de temps. Nous avons profité de la période pour avancer sur nos projets d’innovation et sur le développement de notre structure ». ASI a ainsi fait décoller son projet Aluco, qui consiste à développer un nouveau système de mission basé sur de la guerre électronique. Un système complet qui permet d’effectuer des missions de surveillance et d’écoute dans le cadre de la lutte antiterroriste ou contre les narco-trafiquants. À la fois plébiscité par la Région Grand Est et par Bercy, le projet a également séduit à l’étranger pour des missions bien spécifiques. « Nous travaillons aussi sur le développement de la technique : sur les 8 personnes que nous avons recrutées l’année dernière, quatre l’ont été rien que pour notre bureau d’études », ajoute Jean-Pierre Kohn. Bureau d’études et maître d’œuvre, ASI Group développe également depuis peu une offre de location d’avions. « Nous louons des appareils tout équipés pour effectuer des missions. Nous nous positionnons sur ce marché, car avec la crise il sera peut-être plus difficile pour certains opérateurs d’acquérir des avions. La location peut donc être une bonne solution ».

RELANCER LE F406

L’entreprise marnaise a donc investi dans l’achat de trois appareils F406 qu’elle a entièrement remis à neuf et équipé de systèmes opérationnels dédiés à des missions spécifiques. « Un de nos avions est loué pour de la surveillance maritime en Ecosse et un autre va bientôt partir pour effectuer de la cartographie aux Etats-Unis ».

Spécialiste du F406, appareil emblématique de l’industrie aéronautique rémoise, idoine pour les missions de surveillance, ASI cherche d’ailleurs un partenaire industriel qui pourrait lui permettre de fabriquer à nouveau cet avion, ce qui lui éviterait de les acheter d’occasion pour les remettre totalement en condition. « Aujourd’hui nous n’avons pas la taille suffisante pour produire le F406 », estime le Pdg, qui rappelle : « Un avion, c’est 12 000 pièces et une multitude de matériaux, de compétences et de savoir-faire très spécifiques ».

Réalisant 80% de son chiffre d’affaires à l’export, l’entreprise emploie aujourd’hui une cinquantaine de personnes dont une dizaine travaille uniquement sur la partie qualité.

CAP SUR L’AFRIQUE DU SUD

« Parmi nos différents projets parrallèles, nous travaillons sur l’aspect développement économique de notre entreprise. C’est pourquoi nous sommes entrés via Bpifrance dans l’Accélérateur Afrique. C’est un continent sur lequel nous sommes déjà présents mais vraiment en capacité de rayonner partout. Notre objectif est de bénéficier de la présence de Bpifrance, Business France et de gros partenaires industriels pour disposer d’un réseau sur place. Cela permet à la fois d’éviter les chausse-trappes et d’accéder aux bons interlocuteurs ».

Compliquée au niveau sanitaire, la période n’empêche donc pas Jean-Pierre Kohn de prospecter à l’international. En novembre dernier, il a participé à un déplacement ministériel en Afrique du Sud, avant d’y retourner un mois plus tard. Un troisième voyage est prévu fin mars pour effectuer une démonstration dans la lutte anti-braconnage et tenter de concrétiser les contacts. « Il y a des opportunités importantes de business. Si on ne les traite pas immédiatement et si on ne répond pas à la demande c’est terminé », souligne le dirigeant dont deux avions sont déjà présents en Namibie auprès des gardes-pêche. En 2020, ASI a aussi livré un avion de surveillance financé par l’Union européenne et destiné à accompagner les services des douanes et la lutte antiterroriste au centre du Mali. « Nous avons livré un avion équipé qui a déjà effectué 1000 heures de vol en un an », souligne le Pdg.

Très présent dans le secteur civil, ASI équipe et habille aussi de nombreux avions pour des transporteurs de colis (DHL, FedEx, La poste italienne…) ou des émissions de télévision comme celui de La Carte aux Trésors par exemple.

Au total, près de 150 appareils modifiés par ASI, avions et hélicoptères, sont en circulation dans le monde actuellement. « Nous avons fait 1000 modifications d’appareils avec ASI Innovation et près de 500 modifications avec ASI Aviation », rappelle Jean-Pierre Kohn qui est aujourd’hui à la tête de la dernière entreprise indépendante sur le marché, sa trentaine de concurrents ayant été pour la plupart rachetés par de grands groupes du secteur de l’aéronautique. Une indépendance que le groupe rémois n’est pas prêt à laisser s’envoler.

L’avion électrique, bientôt une réalité avec ASI

« Dans le cadre du Plan de relance, nous avons présenté un projet sur la problématique de l’avion électrique », avance le Pdg qui souhaite faire avancer la technologie pour qu’elle puisse être industrialisée. « Les moteurs électriques existent et sont très intéressants mais en terme de qualification comme en terme de remplacement des moteurs, le sujet est compliqué ».

La stratégie avancée par Jean-Pierre Kohn se veut « pragmatique » avec un investissement prévu à hauteur de 2,5 millions d’euros. Elle consiste à remplacer un des deux moteurs thermiques présents sur les bi-moteurs par un électrique. Une idée qui permet de réduire de manière conséquente les émissions de CO2 tout en ayant un sens au niveau économique et technique. « Nous déployons notre stratégie sur des F406 destinés à des vols relativement courts, de moins d’une heure. Par ce système nous réduisons à la fois le poids du carburant et celui des batteries électriques ».

ASI innovation, qui étudie depuis longtemps les solutions sur l’appareil, notamment en matière de gestion de la puissance, réfléchit aussi aux incidences au sol pour résoudre les questions liées au démontage de la batterie, à son acheminement vers une borne de recharge et même jusqu’à l’alimentation de cette dernière. « Nous avons imaginé un système de charge grâce à des panneaux photovoltaïques installés sur le toit des bâtiments situés en bords de piste », avance-t-il. Une idée qui aurait aussi pour avantage de permettre le renouvellement du parc immobilier des aérodromes à moindre coût.

Jean-Pierre Kohn, Pdg d’ASI Aviation.