2011-2016 : L’Occitanie, une région qui attire toujours plus


Selon l’Insee, les métropoles de Toulouse et de Montpellier drainent depuis une décennie une population importante, même si cette attractivité se fait au détriment des territoires ruraux. Un phénomène qui devrait se confirmer dans les prochaines années,
et qui pose la question de l’équilibre du développement dans les départements.

À l’occasion du lancement de la campagne nationale de recensement, au cours d’une conférence de presse organisée le 15 janvier, l’Insee Occitanie en a profité pour présenter également les résultats des campagnes de 2006-2011 et de 2011- 2016. « C’est la première fois que l’on dispose d’une étude sur 10 ans, et dont les résultats ne se chevauchent pas, ce qui leur donne la meilleure robustesse », se félicite la directrice de l’Insee régionale, Caroline Jamet.

À ses côtés, sa directrice adjointe Carole Moretti, qui pilote toutes les études régionales, souligne le principal enseignement de l’étude : « L’Occitanie est restée une région attractive et dynamique sur le plan démographique en 2011-2016, même si on observe un léger ralentissement par rapport à la période précédente » de 2006-2011. Sur la période 2011-2016, la population d’Occitanie s’est accrue de 0,8 %, « ce qui correspond à 47 000 habitants supplémentaires chaque année, soit l’équivalent de la population d’une ville comme Albi » ! Cette hausse correspond essentiellement à un apport migratoire (0,7 %), mais aussi grâce à l’excédent des naissances sur les décès (0,1 %). De plus, cette croissance est deux fois supérieure à celle que l’on observe en France, puisqu’à l’échelle nationale, la hausse n’est que de 0,4 % ; en termes de croissance démographique, l’Occitanie est la deuxième région de France après la Corse « dont la population a certes augmenté d’1 %, mais sur un volume beaucoup moins important étant donné la taille de celle-ci », note toutefois Carole Moretti.

Néanmoins, il faut préciser qu’il existe de forts contrastes d’un département à l’autre : « sans surprise, il y a une concentration de la croissance démographique sur les deux métropoles régionales, Toulouse et Montpellier, ainsi qu’autour d’elles le long des principaux axes routiers, et sur l’arc méditerranéen. La Haute-Garonne croît ainsi de 1,4 % et l’Hérault d’1,3 %, explique la directrice adjointe, ainsi que les Pyrénées- Orientales et le Tarn-et-Garonne (environ 1 %) ». Le Gard et l’Aude progressent respectivement de 0,6 et 0,4 % tandis que les départements « ruraux et âgés » comme le Lot, la Lozère et les Hautes-Pyrénées connaissent des baisses de l’ordre de 0,2 à 0,4%. Soit « 150 à 300 habitants en moins chaque année, ce qui est une baisse assez faible », observe Carole Moretti : « ce qui n’a rien à voir avec ce qu’on observe ailleurs en France, notamment dans la “diagonale aride” qui va des Cévennes au Massif central, ou dans des départements comme la Nièvre ou lesVosges qui peuvent perdre jusqu’à 2000 habitants par an. Il y a toujours le département de l’Aveyron qui a sa dynamique démographique propre, avec une accélération autour de Rodez dont la population croît désormais environ de 0,8 % par an, et à Millau, un renforcement qui suit une légère baisse auparavant car maintenant, la population augmente. L’Aveyron croît grâce à ses particularités économiques, liées tant à la présence de l’industrie, de la Mecanic Valley, que des services associés à l’agriculture. »

MÉTROPOLES EN CROISSANCE

Dans l’aire urbaine de Toulouse, 19 000 habitants sont venus s’installer entre 2011 et 2016 (+1,5 %) ; quand à la même période, 9 300 habitants sont venus à Montpellier (+1,6 %). Entre 2006 et 2011, la population a augmenté d’1 % (soit l’apport d’une ville de 52 000 habitants comme Narbonne) « et à partir de2011, on est passé à 0,8%, un léger ralentissement qui s’explique autant par celui du solde naturel que de l’excédent migratoire, des phénomènes que l’on observe partout et qui sont liés au vieillissement de la population : sur l’ensemble de la France, on est passé de +0,5 % à +0,4 % entre 2011 et 2016 », explique Carole Moretti.

Comparée aux autres régions de France, l’Occitanie a la croissance la plus élevée après la Corse, mais d’autres régions sont également très dynamiques comme les Pays de la Loire, l’Auvergne-Rhône- Alpes(+0,7 %), la Nouvelle Aquitaine (+0,6 %). Au sein même de la région, l’Insee a fait le choix d’étudier les disparités à l’échelle des 164 Établissements publics de coopération intercommunale(EPCI) – autrement dit les intercommunalités – que compte l’Occitanie : outre les deux métropoles régionales, la communauté urbaine de Perpignan, les 21 communautés d’agglomération et 140 communautés de communes. « Des zonages politiques qui ne correspondent pas forcément à nos zonages statistiques », remarque la directrice régionale adjointe de l’Insee, en particulier à Toulouse et à Montpellier : ainsi, pour la Ville rose, la métropole comprend 703 000 habitants, tandis que selon le périmètre retenu par l’Insee, des parts importantes de la banlieue toulousaine ne sont pas prises en compte, comme la communauté d’agglomération du Muretain (119 336 habitants) et le Sicoval (76 777 habitants) au sud, ainsi que L’Union et Saint-Jean. Cependant, tient à souligner Carole Moretti, « ce qui ressort de l’étude, c’est qu’il y a des EPCI pour lesquels il y a une baisse de la population qui démarre, notamment à l’ouest de la région (Hautes-Pyrénées et Gers), le long des Pyrénées, dans le nord du Lot et dans l’Aveyron. La croissance démographique reste concentrée dans et autour des métropoles, ainsi que le long du littoral méditerranéen » . De plus, les contrastes se renforcent entre les territoires d’Occitanie. À Toulouse Métropole, « l’accélération de la croissance est très forte puis- qu’on passe de +0,8 % entre 2006 et 2011 à +1,3 % entre 2011 et 2016. C’est d’ailleurs la seule métropole où le solde naturel augmente entre les deux périodes, grâce à l’excédent migratoire ». À Montpellier, l’accélération de la croissance est encore plus marquée, puisque si entre 2006 et 2011 la hausse était de 1 %, dans la période suivante, elle a atteint 1,7 %, ce qui en fait le rythme de pro- gression le plus élevé des 22 métropoles françaises – qui en moyenne ont connu une hausse de 0,6 % contre 0,5 % entre 2006 et 2011.

Les campagnes en déshérence

Comment maintenir le dynamisme et le lien social dans des communes vieillissantes?

Au niveau national, on voit une augmentation assez nette des décès : en 2010, on en avait environ 150 000 par an, alors qu’aujourd’hui, on atteint presque 620 000 », observe Caroline Jamet. « Ce qui s’explique par le fait que les générations du baby-boom sont de plus en plus âgées et se rapprochent donc de l’âge où l’on meurt, même si on est encore très loin de leur disparition totale ! Mais ce phénomène de pic devrait se prolonger, en même temps que l’on observe une diminution assez sensible du nombre de naissances », aux alentours de 760 000 contre 800 000 il y a encore une petite dizaine d’années. « Pour autant, la France reste le pays européen où le taux de fécondité reste le plus fort ! », tient à rassurer la directrice régionale de l’Insee : 1,9 enfant par femme, contre 2,1 auparavant. Ajouté au fait qu’il y a de moins en moins de femmes en âge de procréer, « la population va évoluer de moins en moins vite : elle n’augmente désormais plus que de 150 000 personnes chaque année ». Ce qui concerne en premier lieu les départements ruraux, où la population est âgée, d’autant plus que les jeunes sont attirés par les métropoles. Lesquelles, elles, voient leur croissance accélérer. Enjeu donc de taille pour les villes qui devront autant s’adapter à l’arrivée continue de nouveaux habitants en trouvant à les loger, que convaincre les territoires ruraux de ne pas (trop vite) se dépeupler.