Sébastien Lecornu, ministre en charge des collectivités, accompagné d’Agnès Buzyn, ministre de la Santé, a procédé, vendredi 15 mars, à la signature du « Pacte Ardennes 2022 ».
Après avoir présenté, le 20 février, une première série de mesures en actant 12 millions d’euros d’aides diverses, Sébastien Lecornu, ministre en charge des collectivités, accompagné d’Agnès Buzyn, ministre de la Santé, a procédé, vendredi, à la signature du Pacte Ardennes 2022 en dévoilant d’autres engagements de l’État en faveur d’un département cumulant les difficultés (11% de chômage, 19% de taux de pauvreté, moins 3,6 % de population ces dix dernières années).
Globalement, l’État dégage 20 millions d’euros dans une cinquantaine d’actions. Et d’autres souhaits émanant de 500 ardennais seront exaucés le 12 avril 2019 lors d’un nouveau rendez-vous qui pourrait voir déboucher la délocalisation de l’agence nationale de cohésion des territoires à Charleville-Mézières, un projet de centre pénitencier ou encore la création d’un casino dans l’enceinte du château de Sedan.
Parmi les mesures sonnantes et trébuchantes identifiées lors de l’acte II de ce plan destiné à redynamiser les Ardennes : le financement (800 000 euros) de la deuxième phase du développement du pôle production de Platinium 3D et la création d’unités de production de biométhane avec l’aide de GRDF et à travers un investissement de 30 millions d’euros avec pour objectif de recenser 80 méthaniseurs.
INDUSTRIE
Sur le plan industriel, la puissance publique confortera la compétitivité du territoire en l’ancrant dans l’industrie du futur. En mobilisant ses services et des opérateurs pour l’installation du groupe Cevital et de son unité de production d’équipements de traitement de l’eau, susceptible de créer 1 000 emplois. Et en créant deux sociétés d’économie mixte pour l’émergence d’énergies renouvelables et le finance- ment de projets d’entreprises et d’immobilier touristique.
TRANSPORT
L’État a réaffirmé sa volonté de désenclaver les Ardennes à travers l’augmentation du potentiel du port de Givet, la fin de la remise à niveau de la voie ferrée Charleville-Mézières-Givet (600 000 voyageurs par an) et la pérennisation d’infrastructures ferroviaires du sud des Ardennes pour augmenter les capacités de fret. Des études seront mises en œuvre pour aboutir, en partenariat avec la Belgique, à une offre de transport public entre Namur et Reims et à une meilleure sécurisation de la RN51 entre Rethel et Reims et Acy-Romance et Isles-sur-Suippe.
EDUCATION ET FORMATION
L’éducation et la formation seront valorisées. Avec un catalogue de nouveautés : l’agrandissement, via un deuxième site, du campus universitaire en phase d’achèvement sur le site du Moulin Leblanc, l’ouverture d’une première année de licence « Sciences humaines et Sociales » à Charleville-Mézières ainsi que d’un BTS « Négociation et digitalisation de la relation client » au Lycée Verlaine de Rethel. Une action sera engagée pour transformer l’Institut de formation de techniques supérieures (IFTS) en école d’ingénieurs et pour favoriser l’implantation d’une antenne d’une grande école sur le campus universitaire.
Pour favoriser l’accès aux langues des jeunes Ardennais, quatre établissements du chef-lieu déploieront à la rentrée des classes bilingues. L’État accompagnera la candidature du campus des métiers et des qualifications « Procédés et matériaux innovants » au label Campus d’excellence. Et les formations liées à l’éolien, la méthanisation et l’agro-alimentaire seront étoffées.
AGRICULTURE
Outre le projet biométhane, cette filière bénéficiera d’un sérieux coup de pouce pour valoriser les céréales produites et la filière bio, créer une légumerie collective, favoriser l’approvisionnement des restaurations collectives aux producteurs locaux, faire reconnaître la race de « moutons roux ardennais » et soutenir le photovoltaïque sur les bâtiments des exploitations. Une étude sur le développement des réseaux de chaleur sera réalisée en zone rurale.
SANTÉ
En matière de santé, Agnès Buzyn a évoqué plusieurs projets aptes à accentuer les conditions du bien-vivre. A savoir : le renfort de l’offre de soins par le recrutement d’une quarantaine d’internes belges en centres hospitaliers et en cabinets libéraux et le lancement d’une Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) sur le territoire des Portes du Luxembourg. Le retour dans les Ardennes de personnes en situation de handicap actuellement hébergées en Belgique sera facilité. Un centre de consultations va être créé au centre hospitalier de Fumay.
TOURISME
Le tourisme n’a pas été oublié avec le déblocage de crédits pour la rénovation du donjon et du bâtiment des fours du château-fort de Sedan. Des hébergements dits « insolites » à proximité des animaux seront installés au Parc Argonne Découverte d’Olizy-Primat. Il est également prévu que la voie verte couvre tout le département. Ainsi que la création d’un institut européen de la gastronomie et du tourisme est en gestation.
COMMERCE
Cette activité sera boostée par les opérations Cœur de Ville à Charleville-Mézières et Sedan. Les huit EPCI intégreront l’Opération de revitalisation de territoire (ORT) en faveur de la réhabilitation de l’habitat et du renforcement de l’attractivité commerciale. Dispositif ouvrant droit à un avantage fiscal massif.
CULTURE
Un soutien sera apporté à la culture avec l’apport à la filière d’excellence des marionnettes, d’une Cité des Arts de la marionnette, d’une matériauthèque et d’un atelier de restauration. Dans les tiroirs figurent aussi : un accompagnement spécifique vers l’emploi aux bénéficiaires du RSA dans le cadre d’une offre de service personnalisée ; l’extension à titre expérimental des modalités d’intervention de l’Agence nationale de l’habitat ; l’orientation vers une transition énergétique des bâtiments publics. Un pacte porteur d’espoirs qui peut inventer les Ardennes de demain…
Les élus ardennais ont tous salué un moment historique pour le département :
Boris Ravignon, président d’Ardenne Métropole : « Le département vient de connaître durant quatre décennies une véritable descente aux enfers économique, sociale et démographique. Et pour stopper cette spirale, nous nous sommes retrouvés ces derniers mois pour examiner avec lucidité nos points forts et nos points faibles afin de bâtir ensemble une stratégie de sortie de crise. Mais ce plan n’est pas non plus une formule magique, il nous faudra être constant dans l’effort et transformer encore certaines fiches-projets en fiches-actions d’ici le 12 avril. Il sera alors temps de passer à la phase opérationnelle qui prendra plusieurs années. Je n’oublie pas non plus que nos bases fiscales sont incroyablement faibles et je souhaite une meilleure péréquation entre collectivités riches et pauvres ».
Noël Bourgeois, président du Conseil départemental : « Avec la signature de ce pacte, nous avons la preuve tangible de la volonté de l’État de consentir un effort particulier pour notre territoire. C’est fondamentalement différent et sans commune mesure avec les autres aides apportées ici dans le passé. Ce projet résulte d’un travail sans précédent des forces vives locales pour stopper le décrochage des Ardennes. Ce qui est déjà en soit une garantie de pragmatisme et d’efficacité, car c’est un plan qui émane du terrain ».
Jean-Luc Warsmann, député : « Jamais dans ma vie d’élus je n’avais vu 700 Ardennais de travailler bénévolement pour leur département. Cette signature est une première grande victoire qui fait émerger beaucoup de projets innovants. Maintenant, il faut continuer de jouer collectif et à concrétiser les autres fiches actuellement non concrétisés. L’ensemble de ces mesures, aides de l’État plus participation des diverses collectivités locales représentent à mon avis 200 millions d’euros pour les Ardennes».